Le projet dirigé par I. Pluta (UNIL / CET) est lauréat d'une bourse de la Fondation de la Maison des Sciences de l'homme (Paris) pour 2020-2021.
Le projet de recherche "MédiaLab et spectacle vivant. Pour de nouvelles modalités de création et de recherche", porté par Izabella Pluta (Université de Lausanne / Centre d’études théâtrales et Laboratoire de cultures et humanités digitales) a obtenu la bourse "Directeur d'études associé" de la Fondation de la Maison des Sciences de l'homme pour l'automne-hiver 2020-2021.
Résumé
Le projet souhaite examiner l’idée d’un laboratoire spécialisé en recherche technologique au sein des arts de la scène, notamment le théâtre, la danse et les formes hybrides dérivant du spectacle vivant. Ces laboratoires ont de nos jours des dénominations différentes, les plus répandues étant le médialab et le technolab. Il convient de préciser que la notion du laboratoire n’est pas un concept nouveau au théâtre et constitue même l’un des plus importants paradigmes de cet art (Warnet, 2013). Citons seulement le Studio de Stanislavski, les modèles de l’école laboratoire de Craig, la conception de Copeau, le Théâtre Laboratoire de Grotowski, les travaux de Brook et de Barba ou encore les unités contemporaines comme les Laboratoires d’Aubervilliers ou la Fabrique de Performance Lab à la Maison de la création et de l’innovation (Grenoble) l’acteur. Avec le développement des technologies contemporaines, les artistes de la scène s’intéressent également à la question du progrès et de la constitution des « humanités numériques » et par conséquent des sociétés qui intègrent des objets et dispositifs numériques dans tous les domaines de la vie. Ils en réalisent une transposition créative. De cette manière, dans le contexte scénique, une question se pose : que se passe-t-il lorsque l’espace désigné comme laboratoire accueille des dispositifs technologiques et une équipe d’ingénieurs ainsi qu’une équipe artistique, et interrogeles paradigmes artistiques mais également computationnels (Fourmentraux, 2011) ? Comment les artistes s’emparent-ils de ces nouveaux outils dans leur compréhension, leur assimilation et leur application (Dixon, 2007 ; Lavender, 2017) ? Comment s’organise la collaboration entre un metteur en scène, des acteurs et des ingénieurs en robotique, par exemple (Debatty et al., 2012) ? Quel est le statut, la finalité de l’œuvre créée dans un laboratoire dit technologique (Pluta, Losco-Lena, 2015) ? L'idée du laboratoire fonde un paradigme important du travail artistique contemporain. Il s’agit d’un laboratoire hybride qui se crée sur la base des caractéristiques d’un laboratoire théâtral privilégié par les artistes expérimentaux, d’un laboratoire scientifique menant une recherche technologique, d’un laboratoire dit « industriel » qui se trouve au sein d’une entreprise (Living Lab) mais également social comme un FabLab. Nous allons partir de la définition du MédiaLab, en le considérant comme un terme générique qui a actuellement plusieurs dérivés, au sein des institutions ou des industries, de nature artistique, culturelle ou sociale. Nous allons étudier son organisation et sa manière de travailler et nous allons nous interroger sur sa filiation quant au travail scénique qu’il accueille. Un MédiaLab donnera par conséquent l’opportunité de discuter sur les pratiques propres des metteurs en scène, des concepteurs lumière, son et image mais également des ingénieurs programmeurs, roboticiens et ceux qu’on appelle aujourd’hui « technologues ». Ce serait également l’occasion de découvrir les modalités de résidences que proposent ces laboratoires, comme par exemple Atelier Art Science qui élabore des temps de collaboration en intégrant des chercheurs du CEA. La base méthodologique du présent projet est constituée par une enquête de terrain, notamment à : Fresnoy (Tourcoing-Lille), Atelier Art Science, Performance Lab et La Casemate (Grenoble), AADN Lab, XLR Project, AM&CB Lab et Blindsp0t (Lyon), FabLab Lille, FabLab de la Cité des Sciences (Paris), entre autres.