Ce service, rattaché à l’UNIL, traite de nombreuses demandes d’orientation et de conseil en matière de transitions, soient-elles scolaires, professionnelles ou de vie, et propose également des consultations de l’enfant et de l’adolescent. Comment fonctionne-t-il en période de crise sanitaire ?
Situé au centre de la ville de Lausanne, le Service de consultations a été rattaché à l'Université de Lausanne dès sa création à la fin des années 70. Il est composé de deux entités : le Service de consultations d’orientation et de conseil dirigé par le Prof. Masdonati et, dans les mêmes locaux, le Service de consultations de l'enfant et de l’adolescent, dirigé par le Prof. Roman.
Son but est double. D’un côté, il vise à former les étudiant·e·s à leur futur métier de psychologue sous la supervision de psychologues expérimenté·es, et de l’autre, il permet d’offrir à la population de l'arc lémanique des services de qualité en matière d'orientation, de conseil et de gestion de carrière, ou un examen psychologique complet qui rend compte du fonctionnement affectif, émotionnel, intellectuel et social de l'enfant ou de l'adolescent. Parallèlement, le Service alimente et est alimenté par des activités de recherche.
Jonas Masdonati, Psychologue diplômé en orientation professionnelle, universitaire et de carrière, professeur associé à l’Institut de Psychologie, nous offre un éclairage sur le fonctionnement du service de consultations en psychologie du conseil et de l'orientation.
Pouvez-vous nous présenter brièvement les prestations proposées ?
Nous proposons des interventions d’orientation comprenant notamment l’aide au choix scolaire et professionnel, des bilans d’orientation ou de compétences, ainsi que l’accompagnement de différents types de transitions professionnelles (insertion, réinsertion, reconversion, etc.). Nous appuyant sur les principes de la psychologie du counseling et ses étapes d’exploration, d’insight et d’action, nous faisons recours à la fois à des outils psychométriques et qualitatifs.
Quelles mesures particulières avez-vous dû mettre en place afin de poursuivre les consultations depuis le début de la crise sanitaire?
Aux deux moments les plus aigus de la crise (mars et novembre 2020), nous avons transformé nos prestations afin de proposer des accompagnements entièrement à distance. Cela a demandé une grande souplesse autant à nos bénéficiaires qu’à nos étudiant·e·s et à notre équipe de supervision. Toutes ces personnes ont en effet dû et su s’approprier rapidement le counseling à distance, ce qui a comporté un ajustement à de nouvelles manières d’être en relation, ainsi que l’adaptation de nos outils d’intervention. Au-delà de ses inconvénients évidents, nous avons pu également constater plusieurs atouts de cette forme d’accompagnement. Par exemple, « rencontrer » nos bénéficiaires dans leur environnement personnel a parfois favorisé leur ouverture et nous a permis en même temps de mieux comprendre leur contexte de vie.
Au fil des ans, est-ce que le nombre de demandes d’orientation augmente ?
Cela est difficile à dire, puisque les demandes d’accompagnement adressées au Service dépassent généralement nos disponibilités, et ce, sans que l’on en fasse une promotion active. J’en déduis que nous jouissons depuis longtemps d’une solide réputation dans l’arc lémanique. Ce que l’on peut constater assez clairement, en revanche, c’est une diversification des publics qui nous sollicitent et des demandes qui nous sont adressées. Un constat qui semble d’ailleurs général dans le monde de la psychologie du conseil et de l’orientation.
Quel type de population fait appel à vos services ?
Nous accueillons des publics très variés, que l’on peut diviser en deux grandes catégories. D’une part, il peut s’agir d’adolescent·e·s et jeunes adultes à différents échelons du cursus scolaire (secondaire I, secondaire II, tertiaire). D’autre part, nous rencontrons de nombreux adultes, incluant des travailleurs·ses à différents stades de leur parcours professionnel (en début de carrière, au mitan de carrière ou senior), des personnes sans emploi et des bénéficiaires de l’assurance invalidité.
Est-ce que la crise sanitaire actuelle a un impact sur les choix d’avenir ?
Il est trop tôt pour répondre de manière tranchée à cette question. On peut néanmoins anticiper que, d’une part, la crise sanitaire pourra entraîner une remise en question existentielle quant au sens que l’on veut et peut rattacher à son emploi. Aujourd’hui, plusieurs personnes semblent par exemple questionner l’utilité, autant psychologique que sociale, de leur travail. D’autre part, de nombreux·ses travailleurs·ses risquent de perdre leur emploi ou de vivre une forte insécurité professionnelle. Ces personnes vont vraisemblablement devoir composer avec des situations de précarité et avec des transitions professionnelles complexes. Dans les deux cas, un accompagnement d’orientation peut leur être bénéfique.
La consultation est également un lieu de recherche et de développement. Quels sont les projets actuels qui vous occupent ?
Après avoir pu démontrer l’efficacité de nos accompagnements sur les capacités de prise de décision et le bien-être de nos bénéficiaires, nous nous intéressons aujourd’hui au rôle clé de la qualité de la relation entre psychologue et client·e dans ce processus. De plus, nous développons et validons plusieurs outils d’évaluation quantitative et qualitative. Enfin, nous nous intéressons aux processus d’apprentissage initiés par notre dispositif de formation et à la construction de l’identité professionnelle de nos étudiant·e·s. De manière générale, nous maintenons des liens étroits entre le Service de consultations et le Centre de recherche en psychologie du conseil et de l’orientation (CePCO). Notre récent ouvrage collectif (« Repères pour l’orientation », publié en format papier et en open access chez Antipodes dans la collection Actualités psychologiques), témoigne du dynamisme et de la fertilité de ce dialogue entre chercheurs·ses et praticien·ne·s.