Les pratiques sportives ont pu reprendre sur le campus dans des conditions très strictes le 9 novembre dernier, alors que les enseignements théoriques continuent à distance.
Tout·e étudiant·e qui suit un cursus en sport et qui a les sciences du sport en branche majeure doit suivre des activités pratiques et sportives en plus des enseignements théoriques afin de réussir son cursus.
Les pratiques sportives ont pu reprendre sur le campus dans des conditions très strictes le 9 novembre dernier, alors que les enseignements théoriques continuent à distance. Il s’agit d’assurer des activités pratiques et sportives (APS) tels que gymnastique aux agrès, natation, ou encore volleyball, en pleine pandémie. Un véritable casse-tête logistique et sanitaire pour Grégory Quin, MER à l’Institut des sciences du sport et responsable des pratiques sportives.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les APS sont obligatoires et pour qui ?
Les APS sont obligatoires pour les étudiant·es inscrit·es dans un cursus de majeure en sciences du sport et qui peuvent donc ambitionner de poursuivre leur formation au sein d’une Haute École Pédagogique pour devenir ensuite enseignant·es d’éducation physique et sportive.
Ces pratiques couvrent les principales disciplines que les étudiant·es pourront ensuite retrouver dans l’enseignement – en collant donc aussi aux injonctions légales et règlementaires en matière de contenu de l’éducation physique et sportive –, depuis les jeux de balle, jusqu’aux disciplines hivernales de glisse (ski alpin, snowboard, ski de fond) et aux disciplines individuelles comme l’athlétisme, la gymnastique aux agrès ou la natation. De fait, ces enseignements possèdent trois objectifs fondamentaux pour nous :
1) poursuivre la formation technique des étudiant·es dans une large palette d’activités,
2) offrir une première sensibilisation à des approches pédagogiques et méthodologiques des activités physiques et sportives,
3) assurer des compétences de base en matière de gestion sécuritaire de l’intervention par le biais d’activités physiques et sportives, ce dernier objectif dépassant largement les sphères de l’enseignement.
Quelles difficultés concrètes avez-vous rencontrées dans le maintien des APS ?
Les difficultés qui se posent dans le cadre de l’organisation sont finalement très proches de celles qui se sont posées à l’ensemble de la sphère sportive, avec un virus qui se transmet apparemment de manière plus intense dans des situations de grande proximité corporelle, ce que justement les activités physiques et sportives induisent presqu’ontologiquement. Il est ainsi difficile d’imaginer un entraînement de basketball ou de football ou chaque étudiant·e n’a d’interaction qu’avec un ballon et ceci pendant toute la durée de la séance. C’est pourtant ce que nous avons dû mettre en place ces dernières semaines, avec l’ambition première de maintenir un contact entre les pratiques et les étudiant·e·s, en imaginant de multiples scenarii pour transmettre la matière.
De fait, les difficultés sont ainsi largement inhérentes aux infrastructures auxquelles nous avons accès pour ces formations, puisque la formation par les APS dépasse le campus pour se dérouler souvent à travers toute la commune de Lausanne, voire dans les communes voisines, notamment pour les piscines et les patinoires. Chacun·e comprendra ainsi que les difficultés sont multiples, puisqu’à ce jour, les piscines sont toujours fermées et que l’enseignement pour cette discipline est actuellement en stand-by. Idéalement nous reprendrons avec le début du semestre de printemps pour la natation, mais nous sommes suspendus aux évolutions de la situation sanitaire.
Ces difficultés sont aussi renforcées par le fait que le nombre d’étudiant·es inscrit·es a crû très fortement cette dernière décennie. L’Université de Lausanne possède un magnifique campus mais il y a un besoin urgent d’investir dans ses infrastructures sportives et cela depuis de nombreuses années. Ce constat génère une vraie tension pour « trouver » suffisamment d’espaces pour la formation. S’il s’agit d’une difficulté accrue du fait de la pandémie, il y a aussi de fantastiques marges de progression ici, et nous pouvons rêver d’une prochaine piscine ou d’une prochaine salle omnisport 3 dans les années à venir.
Comment avez-vous pu les résoudre ?
Les difficultés ont néanmoins pu être résolues dans le cadre légal offert par les autorités durant cette deuxième vague. A la différence du printemps, quelques exceptions à l’enseignement à distance ont ainsi pu être négociées (et validées par la Direction de l’Université), notamment sur la base d’un renforcement des concepts de protection généraux et spécifiques à chaque discipline sportive, mais aussi d’une réduction des groupes pour certaines disciplines, en étalant les apprentissages sur plusieurs semaines.
Personne n’imaginerait qu’un médecin puisse se former sans entrer en contact avec ses patients (ou avec des malades), il me semble qu’il doit en aller de même pour les spécialistes de l’intervention en activités physiques et sportives, tant pour des questions de sécurité bien évidentes que pour des questions de maîtrise technique individuelle. L’enseignement à distance peut être une alternative pour la transmission de contenus théoriques, mais la pratique sportive n’est pas dans cette situation, et le basculement vers du non-présentiel aurait des conséquences très graves à moyen et long terme.
Qu’est-il envisagé pour les examens pratiques lors de la prochaine session d’examens ?
Les examens pratiques vont avoir lieu dans le cadre des groupes de taille réduite que nous avons mis en place, en utilisant l’ensemble du temps à disposition depuis début novembre pour réaliser le plus possible des évaluations plus formatives, qui conservent toutefois une partie non-négociable de leurs contenus techniques.
Ceci est possible grâce à l’investissement incroyable de toutes les équipes des maîtres·ess·es de branches pratiques, dont je ne suis que le chef d’orchestre discret qui préfèrerait que l’on ne le voit pas. Ces maîtres·ess·es sont les actrices et les acteurs souvent oublié·es de la formation en sciences du sport, aussi je profite véritablement de cette opportunité pour les remercier très vivement … en les invitant déjà à penser le futur, car nul doute que le printemps 2021 nous offrira encore son lot de surprises et de défis !