Le collectif de la Ferme de Bassenges a planté 38 arbres fruitiers ainsi qu’une haie vive près de l’Unithèque. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet d’agroforesterie soutenu par la Confédération et le Canton.
Leur tronc n’est encore pas plus large qu’une pièce de cinq francs, mais dans quelques années ces nouveaux arrivants changeront durablement le paysage visible depuis l’Unithèque. Entre jeudi 26 et samedi 28 novembre, 38 arbres fruitiers, 55 arbustes à petits fruits, ainsi qu’une haie vive composée d’espèces indigènes ont fait leur apparition entre la route cantonale et le chemin piéton, sur un terrain de l’UNIL situé au sud de la Banane. Ces individus ont été plantés par le collectif de la Ferme de Bassenges sélectionné fin 2019 pour cultiver les terres agricoles du campus, aidé par le groupe Parcs et Jardins du service Unibat. Des étudiants en architecture de l’EPFL ont également participé à l’activité dans le cadre d’un enseignement, fruit d’une collaboration entre le laboratoire ALICE et la Ferme.
Parmi les essences des différents plants : l’abricotier, le pommier, le poirier, le pêcher et le plaqueminier (arbre à kaki), le groseillier et le cassissier. Le tout en bio, issus de pépinières alémanique et romande. « Avec le réchauffement climatique, nous avions également l’intention de planter des amandiers, une espèce qui, comme le plaqueminier, aime la chaleur. Mais pour l’instant il est difficile d’en trouver en Suisse », commente Ivanna Crmaric, co-responsable du domaine agricole et chargée du pôle arboriculture au sein du collectif.
Du blé ancien au pied des arbres
Alignés en trois rangées parallèles et espacées de 30 mètres, les ligneux ont été répartis selon les principes de l’agroforesterie – association de l’arboriculture ou de la production de bois d’œuvre à des cultures au sol et, parfois, de l’élevage. « Nous avons semé du blé ancien sur les bandes entre les lignées d’arbres et dès l’an prochain nous sèmerons différentes cultures sur ces mêmes bandes », poursuit Ivanna Crmaric.
Cette cohabitation offre de nombreux avantages selon l’ingénieure agronome. Effet coupe-vent, diminution des fluctuations extrêmes de température pour les cultures avoisinantes ou encore favorisation de la biodiversité : « L’arbre apporte de la matière organique au sol grâce aux feuilles tombées ou aux racines mortes et tout une microfaune se développe. Sa structure ligneuse favorise la présence d’araignées, d’oiseaux… Un véritable microclimat est aussi créé, sans parler du bénéfice de la captation du carbone ! », énumère-t-elle.
Paysage modifié
Si la prochaine récolte de blé pourra se faire dès juillet 2021, celles des fruits devra attendre encore sept à quinze ans, lorsque les arbres auront à peu près atteint leur aspect définitif.
Quid de la vue sur le lac ? D’ici dix ans, elle sera modifiée, mais préservée en grande partie, grâce notamment à l’espacement de 30 mètres entre les rangées d’arbres et au choix réfléchi des variétés. « Nous avons insisté sur ce point lors de nos rencontres avec les fermiers car il était important pour nous de conserver la qualité du paysage tout en leur permettant d’expérimenter des nouveaux modèles qui sont reconnus pour être plus durables, relève Delphine Douçot adjointe à la direction du dicastère Durabilité et Campus. Cette dernière se dit « heureuse de voir que la gestion de ces terrains agricoles est cohérente avec notre politique de durabilité ».
L’an prochain, les fermiers ajouteront trois nouvelles rangées d’arbres sur la seconde partie de la parcelle du sud de l’Unithèque, la prairie qui longe un segment de la piste de chantier. D’autres plantations de fruitiers et de haies vives sont également en cours autour de la Ferme de Bassenges et sur la parcelle devant le bâtiment Amphimax. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du Projet ressource Agro4esterie. Elle est soutenue par le Programme d’utilisation durable des ressources de l’Office fédéral de l’agriculture et par le Canton de Vaud.