Trois associés élèveront des vers dès l'an prochain afin de produire de façon durable et locale les aliments hyper-protéinés de demain. Leur projet «LowImpact food» est soutenu par Ucreate, incubateur de start-ups à l’UNIL. Un crowdfunding est lancé.
Vantés pour leurs qualités nutritionnelles et leur faible impact sur l’environnement, les insectes comestibles constitueront peut-être, à l’avenir, une alternative à la viande. C’est du moins le pari de Camille Wolf, Simon Meister et Haidar Hussain, co-fondateurs de LowImpact food. Cette start-up en devenir, soutenue par le programme Ucreate du Hub Entrepreneuriat et Innovation de l’UNIL, se lancera l’an prochain dans l’élevage de vers de farine. Leur objectif ? Fabriquer de façon locale et durable des aliments hyper-protéinés.
« Au vu des défis que nous devrons relever ces prochaines années, la production de protéines d’insectes présente un avantage clair sur celle de protéines de viande. Elle nécessite extrêmement peu d’eau et d’espace, et génère beaucoup moins de gaz à effet de serre », affirme Haidar Hussain, responsable du développement des produits ainsi que du marketing pour la future entreprise.
Pâtes et flûtes au beurre
Désireux de « démystifier la consommation d’insectes », les trois associés ont choisi de réaliser des aliments du quotidien tels que des pâtes, des barres de céréales ou de la granola à partir de larves, non pas entières, mais réduites en poudre. Une étape qui, ils l’espèrent, permettra de surpasser la barrière psychologique qui subsiste à l’idée de déguster ces petits animaux.
« Nous voulons montrer que manger des vers n’est pas forcément dégoûtant et peut même être une expérience agréable », explique Camille Wolf, chargée de la recherche et du développement. Dans cette optique, LowImpact food travaille en collaboration avec une boulangerie artisanale sur des flûtes au beurre contenant seulement 5% de poudre d’insectes. Un produit « idéal pour un premier pas ».
Biologiste diplômé de l’Université de Lausanne et responsable de la production, Simon Meister a concocté un prototype de pasta « maison ». « Il suffit de remplacer une partie de la farine par notre poudre, explique ce docteur en virologie environnementale. Résultat ? Au niveau de la couleur et de la texture, cela ressemble à des pâtes à l’épeautre. Il y a une petite différence au niveau du goût ».
Insectes nourris à la drêche de brasserie
Privilégiant l’économie circulaire, LowImpact food élèvera ses vers à l’aide de déchets organiques revalorisés, notamment des résidus de malt de brasseries artisanales. Une collaboration a également été conclue avec un producteur de jus de fruits valaisan.
La future start-up commercialisera elle-même les produits finis mais sous-traitera la transformation de sa poudre en denrées alimentaires à des artisans. « Plusieurs fabricants de pâtes sont intéressés, relève Haidar Hussain. Nos protéines seront aussi vendues directement à des boulangeries qui pourront enrichir nutritionnellement leur pain à leur gré ».
Grâce au soutien du programme Ucreate mais également à des aides du Canton de Fribourg, d’Innosuisse et de l’incubateur Impact Hub Lausanne, les trois associés ont achevé en mai le prototypage de leur production et trouvé un siège pour leur entreprise : le site industriel d’AgriCo à St-Aubin (FR). Ils lancent un crowdfunding pour financer leur installation d’ici la fin de l’année.