Séminaire intensif de la Prof. Olivia Kindl, dans le cadre des accords avec le COLSAN (Mexique). Du lundi 12 au vendredi 16 avril 2021, de 14h00 à 18h00. Le cours aura lieu en français par zoom. Les personnes intéressées à suivre cet enseignement peuvent envoyer un mail à amelie.stuby@unil.ch pour obtenir le lien Zoom.
Contenu:
Les réflexions et analyses se développeront durant ce cours à l'appui de matériaux visuels et audiovisuels. Une grande partie des productions artistiques que nous analyserons sont encore considérées actuellement comme des arts « primitifs » ou « mineurs » et plutôt comme de l'artisanat que comme de l'art. Nous serons donc amenés à nous interroger sur cette catégorie d'« art primitif », à examiner ses connotations diverses en anthropologie et ses conséquences sur les conditions de la création artistique dans des sociétés dont les critères esthétiques sont différents de ceux de la tradition occidentale. Nous développerons ces réflexions au fil du cours, tout en examinant les productions plastiques appartenant aux catégories bien établies au Mexique de l'« artisanat » ou de l'« art populaire », en explorant les contextes dans lesquels elles sont créées et leurs divers circuits de diffusion.
Nous verrons ainsi que parler aujourd'hui d'art « indigène », « tribal », « ethnique » ou même « populaire » est discutable à plusieurs égards, car les créations auxquelles ces termes se réfèrent peuvent être considérées comme de l'art tout court. Actuellement, des oeuvres d'artistes « indigènes » sont reconnues sur la scène artistique contemporaine, ce qui implique de développer des réflexions critiques sur un certain nombre de paradoxes engendrés par les catégories classiques dérivant de la notion d'« art primitif ». Pour comprendre d'où viennent ces classifications des arts, il faudra connaître leurs fondements, leurs motivations et les traditions intellectuelles par rapport auxquelles elles se positionnent.
Objectifs:
L'anthropologie de l'art est un champ disciplinaire qui met en évidence la pertinence, pour la connaissance de l'être humain, des processus de création, d'utilisation et de transmission de toute action considérée comme artistique, tant du point de vue de celui qui la pratique, que de ceux qui contemplent ses oeuvres.
Nous explorerons les possibilités de ce champ d'étude dans le contexte de l'anthropologie mexicaine, qui s'est consolidée à partir du projet national indigéniste. Nous verrons qu'à partir de la Révolution mexicaine (1910), la promotion de l'« art populaire » au Mexique joua un rôle central dans l'histoire de l'art mexicain et motiva l'émergence de nombreux artistes et artisans indigènes. Les discours qui se sont construits autour de ce projet de nation soulignent les points cruciaux du projet de consolidation d'une identité nationale mexicaine : le peuple, l'identité et le métissage. Dans ce contexte, l'artisan apparaît comme une figure centrale, dont l'habileté manuelle est mise à contribution pour la récupération, la sauvegarde et l'enrichissement du patrimoine culturel mexicain. Cette catégorie a permis aux créateurs indigènes d'accéder à une certaine reconnaissance, mais a aussi limité leur image et leurs conditions de vie en tant que simples artisans. Il semble que, jusqu'à présent, beaucoup d'efforts restent à faire dans le contexte mexicain pour que les créateurs (indigènes ou non) n'ayant pas suivi une formation académique à l'occidentale soient reconnus comme des artistes à part entière.
L'objectif principal de ce cours vise, d'une manière synthétique, à examiner les théories classiques qui ont donné lieu aux principales approches théoriques et méthodologiques ayant façonné l'anthropologie de l'art en tant que domaine de recherche. Nous examinerons les répercussions de ces perspectives tant sur la dynamique sociale, économique et politique des populations « non occidentales » que sur la création de nouvelles propositions artistiques « interculturelles » dans un monde globalisé comme celui dans lequel nous vivons actuellement.