Le Pôle pour les Études africaines de la Faculté des lettres invite à découvrir un fonds littéraire exceptionnel déposé à la BCU, composé d’ouvrages rédigés par des femmes africaines. Vernissage le 16 septembre, expo jusqu’au 22 novembre 2020 au Palais de Rumine.
Créatrice du Pôle pour les Études africaines, Christine Le Quellec Cottier enseigne la littérature francophone subsaharienne. Avec Valérie Cossy, spécialiste en études genre à la Faculté des lettres, elle organise Africana, événement multiforme dont un colloque international du 7 au 10 octobre (rencontres en ligne) et une exposition jusqu’au 22 novembre 2020 (entrée libre, sur inscription).
Les deux complices œuvrent de longue date à la reconnaissance de littératures peu étudiées en Suisse et donnent ici la parole à d’autres femmes, grâce aux milliers de voix d’Afrique et de la diaspora contenues dans un fonds littéraire de 3500 volumes, légué à la BCU par Jean-Marie Volet, un professeur suisse qui, dès les années 1980, a fait une carrière australienne… en se consacrant à la littérature féminine francophone d’Afrique.
Qui sont ces autrices ?
Il faut imaginer un chercheur en quête d’œuvres introuvables en Australie et en Europe, établissant des liens avec les autrices, auxquelles il fait remplir des questionnaires. On apprend, grâce à lui, qu’elles ont été publiées en leur temps dans de petites maisons d’édition souvent disparues. Il collecte une mine d’informations sur la vie de ces femmes, leur rapport à l’écriture et à la publication. Il faut aussi imaginer un voyageur qui paie souvent de sa personne en ramenant tous ces livres dans ses valises…
L’exposition Africana, figures de femmes et formes de pouvoir met en valeur des ouvrages de sa collection récemment installée à Lausanne, par exemple une bande dessinée de 1996, qui souligne le parcours exemplaire d’une jeune Ivoirienne. La pré-sélection s’est faite grâce à deux stagiaires du Master avec spécialisation en études africaines. Une diplômée de ce programme a par ailleurs contribué à l’inventaire des archives de Jean-Marie Volet à la BCU, riches de rencontres et d’amitiés commentées dans une interview filmée.
Selon Christine Le Quellec Cottier, l’exposition explore « le pouvoir de choisir, de participer, de résister et de dénoncer ». Des extraits de romans sont à écouter bien installés sur un pouf, glisse-t-elle.
Trois femmes puissantes
Autre point fort, la table ronde du 7 octobre (19 heures, BCU Riponne) réunira trois autrices : Bessora, écrivaine révélée par le roman 53 cm (le campus de Dorigny où elle a fait ses études en HEC s’y découvre !), Calixthe Beyala, dont le premier roman C’est le soleil qui m’a brûlée avait fait scandale, annonçant les textes sans concession qui marquent son œuvre inspirée par la condition féminine vue d’Afrique, et Véronique Tadjo, dont la version remaniée d’une légende africaine, Reine Poukou, a été mise en scène à Montreux en 2017 avec 250 choristes. « On quitte ici le registre de l’intimité pour donner la parole à une reine du 18ème siècle, manière de faire revivre une époque gommée par la mémoire coloniale », suggère Christine Le Quellec Cottier.
Le tambour sacré…
Le colloque permettra de rencontrer (en ligne) plusieurs spécialistes sénégalais, camerounais, togolais, nigérians, marocains, canadiens, américains et suisses ainsi que des africanistes français. Le média Fondation Hirondelle a été sollicité pour ses activités envers les femmes dans les zones de conflits. « Nous voulons profiter de cette rencontre internationale et interdisciplinaire pour mettre la littérature en réseau avec d’autres disciplines comme le cinéma, les arts visuels ou l’histoire », précisent les organisatrices. Des hommes font aussi la part belle à des figures féminines, par exemple dans Le Tambour des larmes, du Mauritanien Beyrouk, édité en Tunisie : mariée de force, Rayhana a dû abandonner son enfant et le cherche au cours d’un périple aventureux entre le désert et la ville, mais l’audacieuse n’est pas partie les mains vides, elle a emmené le tambour sacré de sa communauté…
Africana permettra de découvrir des autrices, d’explorer des territoires entre oppressions et désirs de liberté, des féminismes africains, la vie des femmes sur le continent ou parmi les diasporas, sous des formes fictionnelles, poétiques et théâtrales. Cet événement renforcera le dialogue entre l’UNIL et les universités africaines partenaires.
Exposition
Entrée libre sur inscription : manifestations@bcu.unil.ch
Vernissage
Mercredi 16 septembre 2020, 18h30, aula, Palais de Rumine