Colloque international Université de Lausanne 12-13 Novembre 2020 Organisatrices: Valentina Ponzetto (Unil, section de français, FNS), Jennifer Ruimi (Unil, section de français, FNS), Camilla Murgia (Unil, section d'histoire de l'art)
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Le XVIIIe et le XIXe siècle ont connu un développement jusqu’alors inédit dans la multiplication et la diversification des spectacles. En parallèle et parfois en concurrence avec les théâtres institutionnels voient le jour et se développent un grand nombre d’autres formes non institutionnelles et marginales de spectacles : petits théâtres contournant avec inventivité les limitations et interdictions imposées par le système des privilèges, spectacles hybrides, «spectacles de curiosités », c’est-à-dire tous les spectacles « mineurs » qui ne sont pas considérés par l’autorité publique comme du théâtre, ou encore théâtres de société, organisés par des particuliers et soustraits aux circuits commerciaux et à l’industrie du spectacle.
Les recherches récentes ont redonné une dignité à ces formes marginales de spectacle, mettant en lumière leur intérêt pour l’histoire culturelle, mais également pour l’évolution du goût et de l’esthétique qui touchent toute la production des époques concernées. Ces recherches se sont principalement orientées d’une part sur l’étude de répertoires, formes et auteurs, d’autre part sur la nature des lieux investis par les représentations, dans leur double dimension d’espace scénique et d’espace social.
Ce colloque veut proposer une nouvelle approche, transversale et interdisciplinaire, à ces formes de spectacle en interrogeant la notion de représentation dans sa matérialité concrète et visuelle et dans le double sens qu’historiens et philosophes s’accordent pour donner au terme.
Premièrement, dans son acception plus spécifiquement liée au monde du théâtre, la représentation sera envisagée au sens de « fait de donner un spectacle, plus particulièrement de jouer une pièce de théâtre devant un public » (TLF) et par extension au sens de spectacle lui-même dans toutes ses composantes qui tombent sous les sens, comme « monstration d’une présence », et « présentation publique d’une chose ou d’une personne ».
Deuxièmement, la représentation sera considérée comme « présentification d’une absence au moyen d’un langage » littéraire ou pictural chargé de faire « apparaître une absence par le recours à des signes qui en tiennent lieu ». Cette deuxième approche permettra de compléter et d’interpréter la première, car, comme le rappelle le sociologue Alex Gagnon, « c’est parce que les représentations ne sont pas ce qu’elles représentent (les langages ne se confondent jamais avec les réalités qu’ils cherchent à décrire) qu’elles peuvent contribuer, précisément, à façonner et à construire ce dont elles tiennent lieu ».