Vice-recteur en charge du dicastère «Enseignement et affaires étudiantes», Giorgio Zanetti tire le bilan de la première semaine d’examens, qui s’est déroulée du 3 au 7 août en présentiel. Pour la suite de cette session d’automne, la Direction de l’UNIL a décidé d’une mesure correctrice : le port du masque dans les files d’attente et lors de déplacements dans les salles d’examens, dès le mardi 11 août. Un sujet que notre interlocuteur connaît bien, puisqu’il est professeur d’épidémiologie des infections, et qu’il a été responsable du programme de prévention des infections au CHUV. L’occasion pour lui de tordre le cou à une idée reçue.
Comment la première semaine de la session d’automne s’est-elle passée ?
GZ : Dans l’ensemble, bien. Nous sommes reconnaissants envers les facultés, qui ont mené un important travail d’organisation afin que cette session puisse se dérouler, y compris partiellement en présentiel. Les services ont mis en place la logistique requise pour se conformer aux contraintes sanitaires, comme la gestion des flux et des distances entre les personnes.
Des examens ont lieu dans les salles du Centre sportif universitaire de Dorigny. A cet endroit, on a pu observer des regroupements de personnes proches les unes des autres, dans l’attente de l’ouverture des portes. Quelles mesures la Direction a-t-elle prises ?
Nous avons en effet constaté qu’il était difficile de faire respecter les distances, en particulier avant et pendant l’entrée dans les salles d’examens. Je comprends que certaines personnes se sentent désécurisées en voyant ces scènes, d’autant qu’elles n’ont pas d’autre choix que d’être là ! Interpellée, la Direction a mis à jour le Plan de protection pour les examens en présentiel de la session d'automne. Concrètement, dès le mardi 11 août, les étudiant-e-s doivent porter un masque chirurgical dans les files d’attente et jusqu’à ce qu’ils soient assis-e-s à leur table. De plus, si les personnes se déplacent dans la salle, ou si elles interagissent avec un-e surveillant-e à moins d’1m50 de distance, il convient également de porter un masque, tout comme le ou la surveillant-e.
L’UNIL offre-t-elle ces masques ?
Non, nous n’en donnerons pas, d’entente avec nos autorités de tutelle. Aujourd’hui, le masque fait partie des objets de la vie quotidienne, car il nous est souvent demandé de le porter. Nous nous attendons donc à ce que les personnes en aient sur elles quand elles se rendent à l’UNIL.
À la sortie des examens, des débriefings en groupe ont parfois lieu, dans un contexte émotionnel...
... Nous en appelons à la responsabilité des étudiant-e-s et nous les encourageons à maintenir les distances nécessaires. Le virus circule encore.
Vous êtes infectiologue et épidémiologue. Qu’en est-il de l’efficacité des masques chirurgicaux que nous portons dans les transports publics et les commerces, et maintenant au moment des examens ?
Il existe un grand malentendu, qui veut que le port du masque soit un geste purement altruiste. C’est faux : certes, cet objet protège les autres, mais il vous protège aussi de la contamination, à condition de l’employer de manière adéquate. Ce bon usage est rappelé dans les publications de nos autorités cantonales, que je vous encourage à consulter.
D’où vient cette idée que le masque ne protège que les autres ?
Au début de la crise sanitaire, les autorités sanitaires fédérales ont choisi d’insister, dans leur communication, sur la protection des autres conférée par le masque. C’était d’une part parce qu’un masque manipulé sans précautions ou porté incorrectement est un faux ami : il perd de son efficacité et vous fait donc courir un risque. Ensuite, il ne fallait pas faire croire que l’on devient invincible avec un masque sur le nez, au point d’oublier le maintien des distances et le lavage ou la désinfection régulière des mains, qui demeurent essentiels. Mais ces raisons ne devraient pas occulter l’effet protecteur du masque pour soi-même.
Sur quoi se base l’affirmation que le masque protège les personnes qui le portent ?
J’en veux pour preuve la pratique des hôpitaux suisses dans le contexte de la pandémie. Les professionnels de soins sont tenus de porter un masque de type chirurgical lorsqu’ils traitent des patients atteints du Covid-19, mais les malades n’en ont pas sauf dans certains cas particuliers. Depuis des mois, le personnel du CHUV s’est ainsi occupé de centaines de personnes touchées, et pourtant nous n’avons pas constaté chez lui une incidence du Covid-19 supérieure à la population générale. Ce concept est pratiqué depuis des décennies : en complément de l’hygiène des mains, les professionnels se protègent efficacement, grâce au masque, d’une foule de maladies transmises par les sécrétions respiratoires.