La Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL a remis à Harry Edwards, Professeur émérite de sociologie à l’Université de Berkeley et fervent défenseur du rôle du sport dans la lutte contre les discriminations raciales, le titre de Docteur ès sciences du mouvement et du sport honoris causa.
Harry Edwards a apporté une contribution majeure à la sociologie du sport, discipline enseignée dans notre Faculté. Ses travaux précurseurs, dont son ouvrage The Revolt of the Black Athlete publié en 1969, ont bousculé les stéréotypes raciaux et contribué à la lutte contre le racisme et les discriminations dans le sport, incitant médias et organisations sportives à questionner leurs pratiques.
« Lui remettre ce titre constitue un moment fort et inoubliable pour notre Faculté, d’autant plus dans un contexte de crises qui illustrent l’actualité de sa lutte contre les inégalités raciales et sociales aux Etats-Unis et ailleurs » souligne Marie Santiago Delefosse, Doyenne de la Faculté, dans sa laudatio.
Infatigable militant de la cause des Afro-américains, notamment de leur accession à des postes de responsabilité dans et hors du sport, il est en 1967 l’un des fondateurs de l’Olympic Project for Human Rights, dont l’objectif était de protester contre le racisme et la discrimination raciale dans le sport et, plus généralement, dans la société américaine.
Il est également connu pour avoir orchestré la révolte des athlètes Tommie Smith et John Carlos sur le podium olympique du 200 mètres à Mexico en 1968 : leurs poings levés et gantés de noir sont devenus une référence iconique du second XXe siècle.
« La lutte continue »
Celui qui a choisi de suivre un cursus à l’université et de devenir professeur plutôt qu’un athlète de haut niveau répond aux questions devant une photo de Martin Luther King et Jackie Robinson, 1er joueur de baseball afro-américain à jouer en Ligue majeure, recevant leurs Doctorats honoris causa à l’Université de Howard en 1957. « Un des arguments de ma thèse en sociologie du sport que j’ai rédigée à l’université de Cornell est que je pense que le sport est tellement lié aux valeurs de la société et que les luttes de la société se reflètent tellement dans le sport, qu’il est possible de changer les gens et les institutions en modifiant la perception et la compréhension que les gens ont du sport qu’ils pratiquent. »
De grands athlètes sacrifient aujourd’hui leurs carrières sportives pour s’engager dans la lutte pour les droits humains, dans la lignée de Tommie Smith, Jackie Robinson, Jessie Owen et bien d’autres. « La question de savoir si oui ou non nous faisons des progrès ou si nous sommes simplement en train de recycler, de revenir aux mêmes types de protestations qui mènent à des changements mineurs, au calme et à la paix pour ensuite exploser à nouveau, va dépendre de savoir si oui ou non nous changeons de regard, si nous changeons de lutte en passant des souffrances des communautés noires et brunes aux problèmes qui existent dans le courant dominant de la communauté blanche américaine. » commente Edwards.
L’interview complète de Harry Edwards est accessible sur le site du Diès academicus 2020 de l'Université de Lausanne.