Sujet: Le Moyen Âge, au prisme de la traduction et de la réécriture contemporaines
Depuis une vingtaine d’années, on constate un regain d’intérêt pour les poèmes, pièces de théâtre et contes du Moyen Âge issus du canon littéraire européen et traduits en anglais moderne : Sir Gawain and the Green Knight, par exemple, a fait l’objet d’au moins quatre retraductions : par W. S. Merwin en 2002, Bernard O’Donoghue en 2006, Simon Armitage en 2007, puis John Ridland en 2016. Ted Hughes, lui aussi, en a traduit quelques extraits. Les grands textes rédigés en vieil et moyen anglais, irlandais et gallois font l’objet de traductions et de retraductions, tout comme les poèmes et gestes du Moyen Âge français par des poètes-traducteurs s’inscrivant dans le sillage du travail de Ezra Pound, Robert Lowell, ou encore de Norman Shapiro et ses traductions des poèmes de Marie de France, Christine de Pizan et Marguerite de Navarre (French Women Poets of Nine centuries, 2008). D’autres encore, comme W. S. Merwin, Ciaran Carson ou, plus récemment, Clive James, se sont penchés avec succès sur La Divine comédie de Dante.
Comment expliquer cet engouement pour une époque, longue, aux facettes variées, qui s’étend de la chute de l’Empire romain jusqu’au XVe siècle ? Comment les traducteurs contemporains instaurent-ils un dialogue avec ces maîtres du temps passé ? Certains écrivains-traducteurs, au-delà d’une simple traduction, proposent une version plus proche de l’adaptation et de la réécriture, fidèles à l’esprit de l’œuvre source mais non à sa littéralité. Ainsi le Gawain de Simon Armitage est parfois délibérément anachronique. Parfois l’adaptation relève de la transmutation comme lorsque Ezra Pound adapte « Le testament » de François Villon à l’opéra ou encore lorsque la dramaturge, Ufuoma Overo-Tarimo, crée une pièce de théâtre à partir du Conte du meunier de Chaucer. D’autres poètes encore s’approprient le texte source : Caroline Bergvall construit une composition poétique, Drift, autour de « The Seafarer », Maureen Duffy dans Environmental Studies rédige des « gloses » en venant s’appuyer sur des poèmes médiévaux. Lavinia Greenlaw fait-elle autre chose quand, dans A Double Sorrow–Troilus and Criseyde, elle réécrit les amours contrariées des deux jeunes gens ? Parfois, un travail de traduction vient enrichir la production poétique d’un auteur : les poèmes s’inscrivent dans le sillage d’une traduction qu’ils parachèvent comme un sequel : ainsi, le cycle de poèmes, Sweeney Redivivus, par Seamus Heaney, est enchâssé dans le recueil Station Island, et fait suite à sa traduction de Buile Shuibhne. Enfin, il arrive souvent qu’un poète insère quelques traductions au sein d’un recueil comme pour rehausser une thématique particulière.
Plusieurs pistes d'étude peuvent être explorées : le dialogue qui s’établit entre les auteurs du Moyen Âge et leurs traducteurs-écrivains contemporains ; l’interaction féconde entre texte source et texte cible ; comment la traduction agit-elle comme un pont, comme une charnière entre le Moyen Âge et le présent ? Nous permet-elle de (re)penser notre présent littéraire ? En quoi la traduction des grands textes médiévaux repousse-t-elle les limites de la traductologie ? Comment la traduction des poèmes, pièces et contes du Moyen Âge décuple-t-elle les ressources créatives des traducteurs-auteurs contemporains ?
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