Marc Monthoux, étudiant de Master en science politique, prévoyait de partir en mobilité dès l'automne. Il nous fait part des incertitudes qui pèsent à présent sur la suite de son parcours académique.
Le 13 mars dernier tombe la décision de fermer le campus de l’UNIL, en pleine crise sanitaire. Quelle a été votre réaction ?
Tout d’abord, j’ai été quelque peu étonné par cette décision pour plusieurs raisons. Déjà, elle m’a semblé quelque peu tardive. En effet, l’EPFL avait décidé de prendre des mesures quelques jours plus tôt, ce que l’UNIL n’avait pas fait dans un premier temps. Cette décision m’avait étonnée compte tenu des risques et du nombre de personnes présentes sur le campus. Mais globalement, cette décision était semble-t-il la chose à faire.
Quelles conséquences cela a-t-il eu sur votre cursus ?
Étudiant actuellement en mention mondialisation, ce semestre était censé être le premier me permettant de suivre des cours à choix. Cependant, étant donné que je prépare un échange à Montréal pour l’automne 2020, je souhaitais aussi commencer la recherche en vue de mon travail de mémoire. Il aurait donc dû s’agir d’un semestre « light » avec peu de crédits afin de pouvoir travailler à côté de mes études et avancer mon mémoire.
Une des conséquences directes de la fermeture de l’Université a été la modification du séminaire interfacultaire sur l’environnement. En effet, ce cours-séminaire était tout d’abord axé sur une série de conférences qui, de facto n’ont pas pu avoir lieu excepté en visioconférence. J’ai donc décidé de me désinscrire de ce cours.
Pour ce qui est de mon échange, je n’ai pas pu travailler comme prévu, ce qui pourrait mettre à mal son financement.
Enfin, je suis actuellement mobilisé à la protection civile depuis plus d’un mois, ce qui me pousse à demander actuellement un congé à la faculté, comme les dispositions spéciales le permettent.
Suite à ce changement brutal du mode de formation, comment vous êtes-vous organisé ?
Comme déjà mentionné, je me suis tout d’abord désinscrit d’un cours-séminaire. J’ai cependant pu suivre durant environ un mois mon autre enseignement. Pour ce qui est de mon mémoire, j’ai la chance de n’être qu’au début de ma recherche. Je peux donc aisément trouver de la littérature en ligne, même s’il aurait été préférable d’avoir accès aux ouvrages physiques en bibliothèque.
Quelles autres difficultés avez-vous rencontrées ?
La difficulté principale a été financière. En effet, j’ai pu garder mon emploi chez un traiteur mais l’activité de cette entreprise est actuellement en suspens.
De plus, l’impossibilité d’accéder aux bibliothèques, aux collègues et aux enseignants rend toute recherche, information ou conseils plus compliqués à obtenir mais aussi avec des démarches plus longues.
Vous avez un projet de mobilité à l’université de Montréal (UDeM) pour l’automne prochain. Est-ce que la situation de crise a compliqué vos démarches ?
Contre-instinctivement, c’est plutôt le contraire qui est arrivé, pour ce qui est de la démarche du moins. En effet, le processus d’inscription en mobilité est un processus long et fastidieux. Les documents demandés par l’Université de Montréal sont nombreux et parfois difficiles à obtenir en cette période. En revanche, l’UDeM a assoupli certaines restrictions (par exemple, certaines photocopies suffisent en lieu et place de documents officiels) tout en élargissant les délais. Il ne m’a donc pas été compliqué de trouver les documents à temps. En revanche, le contact et les temps de réponses avec le service étudiant ont été plus longs. Enfin, la suite est pour le moment totalement incertaine. L’Université de Montréal devant attendre la suite des événements pour savoir si elle sera en mesure d’accepter des étudiants en mobilité et si oui, sous quelles conditions.
Est-ce que la situation actuelle de crise a modifié vos plans futurs ?
Effectivement, cette situation risque d’avoir un impact relativement important sur mes plans à venir. Déjà, l’incertitude qui entoure mon semestre de mobilité m’empêche de me projeter plus loin que le mois d’août, ne sachant pas s’il se passera, pour moi, en Suisse ou au Canada. De plus, ma situation financière est actuellement loin d’être optimale. De plus, pour cause de mon engagement à la Protection civile, il parait fort probable que mon Master soit prolongé d’un semestre.
Qu’est-ce qui vous manque le plus du campus à l’heure actuelle ?
Étant très actif sur le campus, ce qui me manque le plus sont d’abord mes collègues, avec qui j’échange régulièrement à propos des cours lors de sessions de brainstorming. De plus, ils m’apportent un soutien non-négligeable pour l’avancée de mon mémoire. J’ajouterai à cela, simplement, la vie estudiantine qu’on peut avoir sur ce merveilleux campus. L’accès aux salles de sports ainsi qu’aux bibliothèques étant impossible, il est difficile de rester stimulé autant sur le plan physique/sportif que sur le plan intellectuel en étant cloîtré chez soi, ce qui est pourtant d’une simplicité déconcertante lorsqu’on est de façon régulière sur le campus.