Lucile Maertens a co-écrit "Espace mondial : L’Atlas", un ouvrage en libre accès récemment traduit en anglais, qui donne à toutes et tous des clés critiques pour comprendre le monde d’aujourd’hui.
Inégalités, (in)sécurité, environnement et plus encore forment les thématiques d’Espace Mondial : L’Atlas, un ouvrage pluridisciplinaire auquel Lucile Maertens, maître assistante à l'Institut d'études politiques et membre du Centre d'histoire internationale et d'études politiques de la mondialisation (CRHIM) a participé.
Fruit de la collaboration entre l’Atelier de cartographie de Sciences Po (Paris) et d’une demi-douzaine de chercheur.se.s issu.e.s de divers horizons des sciences humaines, cet ouvrage est paru en 2018 en accès libre sur internet ainsi qu’en format papier. Avec sa perspective à la fois critique et accessible, Espace mondial : L’Atlas a été conçu pour vulgariser les théories scientifiques sur la politique internationale.
La version en ligne est accessible, en français et en anglais, directement à cette adresse: https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/
Complet et accessible
«En cinq minutes sur une entrée, on doit avoir les clés pour comprendre un des grands enjeux de la gouvernance mondiale», décrit Lucile Maertens, qui partage son expérience à l’occasion de la traduction en anglais de la publication collective cette année.
Dans cette nouvelle édition de l’anciennement nommé Atlas de la mondialisation, l’objectif était de fournir un travail rigoureux et digeste, digne des versions précédentes. «Nous voulions dès le début le proposer en open-access, avec une interface qui corresponde à différentes plateformes afin d’atteindre une audience plus large, ajoute celle qui a fait ses études à Sciences Po Paris et à l’Université de Genève avant d’être engagée comme maître-assistante à l’UNIL. C’était un exercice compliqué que d’expliquer ces sujets en si peu de mots tout en faisant un travail scientifique problématisé et bien référencé.»
En guise de compromis, l’audience visée «doit avant tout être intéressée par les enjeux de l’international, mais n’a pas besoin de beaucoup de connaissances préalables». Espace mondial : L’Atlas s’adresse ainsi particulièrement aux nouveaux étudiant.e.s, aux gymnasien.ne.s, aux enseignant.e.s ainsi qu’aux journalistes. Un effort qui se voit à la qualité esthétique des versions web et imprimées, aux magnifiques cartes et graphiques produits par les cartographes de Sciences Po ou au lexique de fin comprenant près de 230 définitions, d’un paragraphe chacune, des principales notions de politique internationale. «Typiquement, pour les étudiants et étudiantes, ce sont vraiment des ressources utiles pour avoir des informations clés et solides scientifiquement», abonde Lucile Maertens.
Un regard critique
Comme l’ouvrage était pensé pour le web, les auteur.e.s ont vu leurs ambitions à la hausse. «Nous ne nous sommes pas censuré.e.s. Nous avons gardé les articles courts, mais nous ne nous sommes pas limité.e.s sur la taille de la table des matières. Le tout en faisant le choix d’avoir des focus sur des thèmes plus précis». Mais simplicité n’est pas simplisme. «Je viens des approches critiques, qui ne prennent pas pour acquis les grandes notions et explications des relations internationales, qui cherchent à les déconstruire dans une perspective socio-historique et à prendre en compte les rapports de pouvoir liés à la façon de les aborder. Je voulais apporter ce regard sur des questions moins traitées dans les précédentes éditions de l’Atlas», illustre la Maître-assistante, spécialisée dans les questions environnementales et de maintien de la paix. Ainsi, Espace mondial : L’Atlas fait la part belle à l’intersectionnalité de certains enjeux, comme la présence – ou plutôt l’absence – des femmes dans les négociations de paix internationales.
En plus d’avoir pu mettre sa patte, Lucile Maertens souligne la plus-value des échanges collectifs. «J’ai beaucoup aimé le travail interdisciplinaire sur des thématiques variées et avec des expertises différentes. Par exemple, j’ai trouvé très important de collaborer directement avec celles et ceux qui s’occupaient de la production des cartes et graphiques d’appui ou de démonstration.»
Et la scientifique de conclure sur le défi enrichissant qu’a constitué l’exercice même de vulgarisation: «Dans mon quotidien, je n’ai pas l’habitude d’écrire pour le grand public sur des formats aussi courts. J’ai l’impression que cet exercice m’a appris à écrire de manière plus dense et synthétique!». Une expérience qui vient souligner la nécessité pour les sciences sociales de porter ses théories au grand public.
Par Guillaume Guenat, assistante-étudiant - communication IEP.