Le premier enfant examiné début janvier 2020 à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin représente le 1000e patient atteint de rétinoblastome traité à Lausanne. Avec une soixantaine de nouveaux cas de rétinoblastome pris en charge par année, l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est un centre de référence international où affluent des enfants de plus de 60 nationalités différentes.
Mille enfants traités à Lausanne
Diagnostiqué in utero, le petit patient a été admis à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin le 3 janvier 2020 à l’âge de 4 jours, après provocation de l’accouchement à la 37e semaine de gestation. Soignée pour un rétinoblastome bilatéral 38 ans plus tôt par le Prof. Claude Gailloud, fondateur de l’unité d’oncologie pédiatrique de l’Hôpital ophtalmique en 1970, la maman du petit patient a bénéficié d’une surveillance échographique mise en place par l’Unité de médecine materno-foetale du CHUV, dirigée par le Dr Yvan Vial, professeur associé à la FBM. « Depuis le début de l’année, nous avons déjà diagnostiqué 8 enfants atteints de ce cancer. Grâce aux progrès thérapeutiques de ces dernières années, dont certains conçus et réalisés à Lausanne même, la survie de ces enfants atteint 99% à cinq ans sans recourir à l’énucléation et en maintenant une bonne vision ! », se réjouit Prof. Francis Munier, professeur ordinaire à la FBM et médecin chef responsable du pôle d’oncologie oculaire de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.
Une collaboration fructueuse avec le CHUV
Au cours des dernières années, le développement de différentes techniques d’administration ciblée de chimiothérapie ont permis d’énormes progrès dans le traitement de la maladie. En collaboration avec les Unités d’hématologie-oncologie pédiatrique du CHUV, dirigée par la Prof. Maja Beck-Popovic, professeure associée à la FBM, et de radiologie interventionnelle du CHUV, dirigée par le Prof. Guillaume Saliou, professeur associé à la FBM, le Prof. Francis Munier et son équipe ont introduit en 2008 la chimiothérapie intra-artérielle. En 2012, ils ont introduit la chimiothérapie intravitréenne (injectée directement dans le corps vitré) et, enfin, en 2015, la chimiothérapie intracamérulaire (injectée directement dans les chambres antérieure et postérieure de l’oeil). Ces techniques ont permis d’atteindre des sauvegardes oculaires inégalées, s’élevant à 95 %, et diffusées partout dans le monde. Le service d’ophtalmologie de la Faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne est ainsi devenu un centre international pour les cas de dernier recours.
Un cancer rare
Le rétinoblastome est une tumeur cancéreuse rare de la rétine, se manifestant généralement avant l’âge de 5 ans, pouvant affecter les deux yeux et se transmettre d’une génération à l’autre. Il représente 16% des cancers néonataux et 6% de tous les cancers chez l’enfant de moins de 5 ans. Il touche environ 1 naissance sur 17’000, ce qui se traduit par 5 à 6 nouveaux cas par année en Suisse. L’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est reconnu comme seul centre agréé MHS (médecine hautement spécialisée) pour traiter cette maladie depuis 2011. Entre 50 et 60 nouveaux cas de rétinoblastome sont pris en charge chaque année à Lausanne dont environ 90% de l’étranger (40% de pays européens et 50% de pays extra-européens). Non traitée, la maladie engage non seulement le pronostic visuel mais aussi le pronostic vital. En cas de prise en charge précoce et adéquate, la survie atteint cependant 99% à 5 ans, ce qui représente le plus haut taux de survie des cancers pédiatriques.