Les emplois d'aujourd'hui ne seront pas ceux de demain. Comment réinventer les compétences et les métiers qui feront le monde du travail? Créé au sein de la Faculté des HEC (UNIL) l’an dernier, le Future Skills Lab entend amener des pistes de réflexion face aux défis urgents et complexes liés au futur de l’emploi. Dans ce contexte, il a récemment réuni une quarantaine d'acteur·trice·s clés de Suisse romande pour explorer le rôle des Ressources Humaines à l’horizon 2030.
«Quel est le risque que je sois remplacé·e par un robot ou que je voie mon métier déclassé, voire qu’il disparaisse?», «Est-ce que seules certaines professions seront touchées, ou l’ensemble des métiers va-t-il subir de forts tourments?», «Quelles compétences développer et quelles opportunités saisir pour m’épanouir dans le monde de demain?», «Quel sera le rôle des Ressources Humaines à l’avenir dans le monde du travail?». Autant de questions, d’incertitude et de craintes qui touchent tant les individus face à une potentielle perte d’emploi, que les entreprises qui doivent gérer leur capital humain.
Le Future Skills Lab, une initiative de la Faculté des HEC qui scrute l’avenir des compétences et des métiers
L’accélération des changements environnementaux, sociétaux, technologiques ou économiques entraîne une obsolescence croissante des connaissances. Le fossé se creuse entre les compétences actuellement disponibles sur le marché du travail et celles qui seront nécessaires demain.
Face à ces risques réels d’obsolescence, la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne a créé une nouvelle entité, le Future Skills Lab, où se conjuguent expertises académiques et professionnelles, intelligence collaborative et méthodologies prospectives, afin d’identifier l'évolution des professions et les portefeuilles de compétences à développer.
Sous la direction d’Isabelle Chappuis et en collaboration avec les expert·e·s académiques de la faculté, de l’Université de Lausanne et d’institutions partenaires, le laboratoire lance et pilote des projets de recherche qui visent à identifier les compétences qui permettront aux humains de résister à l’avancée des machines, ou de mieux collaborer avec elles. Parallèlement, les résultats de ces recherches seront exploités pour faire évoluer les programmes d’enseignement de HEC Lausanne, afin qu’ils forment la relève pour notre économie de manière innovante et pertinente.
L’intelligence collective, moteur des réflexions
Le Future Skills Lab se veut également centre névralgique de la question de l’avenir des métiers, et en particulier des compétences, en offrant notamment à des esprits créatifs et brillants de notre économie locale la possibilité de se rencontrer et de réinventer le monde du travail. Ainsi, parmi les premières étapes de réflexion, le Future Skills Lab a réuni, le 31 janvier dernier, une quarantaine de personnalités influentes, activement liées à la problématique RH en Suisse romande pour traiter de la question du rôle des Ressources Humaines à l’horizon 2030.
À l’issue de cette première journée de workshop, le Future Skills Lab a déjà permis de dessiner certaines orientations, et ce en appliquant des méthodologies utilisées jusqu'à présent principalement dans le monde de la défense. Développées au sein de l'OTAN et du monde universitaire, ces techniques d'analyse prospective approfondie visent non seulement à comprendre les futurs possibles en explorant différents scénarios, mais aussi à intégrer l'ampleur de leur contenu socio-technique. Dans le cadre du workshop du 31 janvier, ces méthodes, bien qu'elles ne soient pas explicitement prédictives, ont dès lors permis de mettre en évidence l'éventail des futurs possibles pour le métier des RH.
Quels résultats à l’issue de ce premier workshop?
Si les services de Ressources Humaines ont été créés à l’origine pour gérer la force de travail nécessaire au fonctionnement d’une entreprise ou d’une institution, leur rôle pourrait changer radicalement. Isabelle Chappuis explique l’une des perspectives ainsi mise en évidence par les participant·e·s: «Dans un monde où, poussés par l’avancement de la technologie ou les contraintes environnementales, tous les métiers évoluent, le leader RH pourrait bien rechercher et mettre l’accent désormais sur un ensemble et une mixité de compétences, plutôt que sur des postes de travail prédéfinis par un cahier des charges. Si l’on estime que dans le futur, le travail se fera en partie en réalité virtuelle et collaborative, son rôle consisterait à diviser les métiers en tâches, à identifier les compétences à engager et à en comprendre leur interdépendance. Dans un monde virtuel et global, le leader RH deviendrait en quelque sorte un gestionnaire ou un courtier de portefeuilles de compétences.».
Mon métier existera-t-il encore en 2030?
S’il est impossible de prédire aujourd’hui l’avenir, des pistes de réflexion seront amenées quant aux orientations ou réorientations à prendre et aux mesures à mettre en place pour faire évoluer les compétences des individus qui forment notre économie.
De nombreux projets verront prochainement le jour afin d’alimenter la réflexion quant à l’avenir des métiers, notamment la publication d’un livre blanc. Et pourquoi pas un instrument de mesure du niveau d’obsolescence des compétences humaines face à celle des machines? À suivre et découvrir tout prochainement avec le Future Skills Lab.
Isabelle Chappuis, de conclure: «Si l’on considère l’obsolescence des compétences humaines comme une menace de sécurité nationale, il est temps d’armer la société pour y faire face.».