Les 5 et 6 mars, un colloque international consacré aux liens (et aux collisions) entre le jeu de rôle, la littérature et la transmission du savoir aura lieu à l’UNIL. Ouvert à tous, cet événement interdisciplinaire s’annonce ludique, enrichissant et expérimental.
Le jeu de rôle est une activité ludique qui consiste à partir à l’aventure avec du papier, des crayons et des dés. Sous la houlette d’un meneur, une équipe de participants explore un monde imaginaire, tout en restant assis autour d’une table. Le temps d’une partie, le groupe crée une fiction, collectivement.
« Le jeu de rôle est également un moyen de faire vivre la littérature et de transmettre des connaissances », ajoute Grégory Thonney, chargé de projet au Service Culture et Médiation scientifique et co-organisateur d’un colloque consacré à ce thème. Cet événement a lieu les 5 et 6 mars à l’UNIL.
En effet, nombre de jeux de rôle se basent sur des œuvres de fiction. Les plus connues de ces dernières sont Le Seigneur des anneaux (J.R.R. Tolkien) ou les récits d’épouvante de H. P. Lovecraft mais les exemples sont légion. « Il est intéressant de noter que les textes que nous allons convoquer dans les deux jours du colloque se situent bien souvent dans les galaxies de la fantasy, de l’horreur, de la science-fiction ou du roman policier, note Gaspard Turin, maître d’enseignement et de recherche suppléant en Section de français (Faculté des lettres) et co-organisateur. Ces textes, patrimoniaux pour le milieu du jeu de rôle, gravitent loin de la littérature classique. Ils nous proposent ainsi un décentrement intéressant. »
Le colloque est ouvert à tout le monde. Nul besoin d’être joueur soi-même pour suivre les différentes conférences, car plusieurs intervenants vont explorer la notion répandue d’adaptation des œuvres sur d’autres supports. Parmi eux, Olivier Caïra, l’un des grands spécialistes de la théorie de la fiction et de ses liens avec le jeu.
Alors, on joue ?
Le public est invité à passer à la pratique. « Le 5 mars, nous organisons une soirée Joue ton savoir », annonce Grégory Thonney. Plusieurs tables de jeu de rôle sont ouvertes pour l’occasion.
Parmi elles, une enquête sur une mystérieuse campagne de recrutement effectuée par un officier russe, dans le Pays de Vaud en 1765. Inspirée de faits réels (lire Allez savoir ! de janvier 2020), cette partie menée par Anne-Laure Sabatier est basée sur son mémoire de master en Histoire. De son côté, Fiona Baumann a utilisé des éléments de son mémoire en français moderne consacré à La Horde du Contrevent du romancier contemporain Alain Damasio dans un jeu de rôle de son cru. « Tout en finesse, l’auteure propose aux joueurs de réfléchir à la fiction qu’ils sont en train de créer tous ensemble », indique Grégory Thonney.
Pilotées par des ados mordus de jeux de rôle, deux tables seront consacrées à QVOTIDIE, qui prend l’époque romaine impériale pour cadre. Un moyen de se rendre compte, en pratique, de la manière dont ce loisir peut servir à la transmission de connaissances historiques.
Créativité
Le colloque s’annonce interdisciplinaire, puisqu’un philosophe et des médiévistes, tout comme des spécialistes de la didactique figurent parmi les conférenciers, québécois, français et suisses. Des auteurs de jeu de rôle sont également au programme. « La table ronde du 5 mars réunit trois d’entre eux, Axelle Bouet, Stéphane Galley et Pierre Saliba, ainsi qu’Alice Bottarelli, doctorante en Section de français et animatrice d’atelier d’écriture », souligne Gaspard Turin. L’occasion de se demander si la créativité et l’émulation qui émergent autour d’une table de jeu sont comparables à celles qui règnent lors d’un atelier littéraire.
Enfin, le colloque comporte une part assumée d’expérimentation. Il n’existe probablement pas de spécialiste du sujet central, « Jeu de rôle et transmission littéraire ». Mais il est certain que les personnes présentes possèdent toutes des éléments à partager et à confronter, tirés de leurs recherches ou de leur pratique ludique. En conséquence, les organisateurs ont prévu beaucoup de temps pour des discussions qu’ils espèrent riches.