2e Biennale romande de la Recherche en Éducation physique et Sportive
Les chercheur·se·s, les enseignant·e·s, et tous les autres
professionnel·le·s de l’éducation physique en Suisse et à l’international
sont invité·e·s à participer ou soumettre leurs propositions de
communication pour cette 2e biennale centrée sur les différences entre
élèves en éducation physique.
Le congrès aura lieu dans l’enceinte de la Haute École Pédagogique du
canton de Vaud située à Lausanne, le vendredi 20 novembre 2020.
Thème de la 2e Biennale :
« Les différences entre élèves en éducation physique : un regard à 360
degrés ! »
Un des principaux enjeux des enseignant·e·s d’éducation physique est de favoriser
l’égalité des chances en donnant la possibilité à chaque élève, indépendamment de
son sexe, de son origine sociale et culturelle, de ses difficultés ou de son handicap,
de développer pleinement ses compétences. Cette 2e Biennale a pour ambition de
réfléchir à la mise en place d’approches tant pédagogiques que didactiques en
éducation physique qui permettent de prendre en compte les différences entre
élèves et la mise en place d’un enseignement inclusif et différencié.
Contexte de l’éducation physique dans le Canton de Vaud
Alors que l’intégration des élèves à besoins spécifiques depuis la fin des années
1990 portait la focale sur le déficit d’une personne en rapport à une norme, l’école
à visée inclusive ouvre, elle, le droit à la singularité, à la différence. Là où
l’intégration n’interrogeait que la norme établie, l’inclusion fait varier cette
dernière pour y inclure toutes les singularités. Ainsi la différence devient la norme
(Vienneau, 2006).
Ce changement profond de paradigme est en lien avec la loi scolaire vaudoise de
2012 qui prescrit que chaque enseignant·e différencie son enseignement pour le
rendre accessible à tous les élèves et avec le nouveau concept cantonal 360 degrés
qui coordonne et met en oeuvre des mesures spécifiques pour les élèves des
établissements ordinaires de la scolarité obligatoire. Certains spécialistes
recommandent de veiller « à ce que la pédagogie différenciée se conjugue avec une
pédagogie de groupe soucieuse de lien social » (Garel, 2010, p. 161), ce vers quoi
tend le Concept 360 en donnant de l’importance au « groupe classe » (Concept
360, propos de Mme Cesla Amarelle).
La plupart du temps les enseignant·e·s d’éducation physique sont les premier·ère·s
à expérimenter l’inclusion d’un élève à besoins spécifiques (Alquraini & Gut, 2012).
Souvent, cette discipline est vécue positivement, car elle permet l’accès à une
communauté de plaisir avec les élèves ordinaires (Turpin et al., 1997). Les
recherches montrent également que l’environnement de l’éducation physique est
favorable à la mise en place de solutions didactiques visant l’inclusion (O’Brien,
Kudláček, & Howe, 2009) et qu’elle possède également un fort pouvoir de
socialisation favorisant les relations interpersonnelles positives entre les élèves (Qi
& Ha, 2012). A contrario, l’éducation physique est également un milieu
encourageant les activités compétitives et les mesures de performance, ce qui peut
amener certains élèves en difficulté à un certain isolement social (André, Deneuve,
& Louvet, 2010).
Cette rencontre donnera l'opportunité d'échanger des idées, des pratiques, des
résultats entre des enseignant·e·s d’éducation physique, confronté.e.s à ces
questions au quotidien et qui mettent en place des solutions face aux problèmes
rencontrés en classe et des chercheur·se·s qui étudient ces phénomènes et
proposent des pistes d’action pour améliorer les interventions en classe ou les
formations. Ces échanges pourront aboutir au développement de futures
collaborations en recherche entre les praticien·ne·s et les chercheur·se·s, et de
nouvelles perspectives de formation, toujours dans le but d’améliorer la prise en
compte des différences entre élèves en éducation physique.
Dans ce cadre, nous avons le plaisir de vous proposer deux conférences afin
d’ouvrir les débats sur les thématiques et problématiques concernées :
Claudia Verret – « L’éducation physique un levier à l’éducation inclusive ? Portrait
d’une enquête québécoise sur les représentations et les pratiques éducatives
d’enseignant·e·s du primaire et du secondaire »
Nicolas Margas – « Les effets sociaux de l’engagement corporel : processus,
ambivalence, et développements face à la problématique de l’inclusion scolaire »
Intervenant·e·s et conférences :
Claudia Verret
Claudia Verret est détentrice d’un doctorat en sciences de l’activité physique et
d’une maitrise en psychopédagogie. Elle est professeure au Département des
Sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal depuis 2011.
Elle a enseigné en éducation physique et à la santé pendant plus de 10 ans auprès
d’enfants ayant des troubles de comportement. Ses travaux de recherche portent
principalement sur les pratiques inclusives en éducation physique ainsi que sur les
interventions pour améliorer les habiletés sociales auprès des élèves présentant
des troubles du comportement, en particulier le TDAH.
« L’éducation physique un levier à l’éducation inclusive ?
Portrait d’une enquête québécoise sur les représentations et les pratiques
éducatives d’enseignant·e du primaire et du secondaire »
Les recherches sur l’inclusion scolaire soutiennent que les expériences des
enseignant·e·s et des élèves sont mitigées en éducation physique. Cette conférence
dresse d’abord un portrait de la littérature internationale sur l’inclusion en
éducation physique. Ensuite, en s’appuyant sur la théorie du comportement
planifié (Azjen, 2012), les attitudes, les croyances normatives, le sentiment
d’efficacité personnel et les pratiques différenciées de 245 enseignant·e·s
québécois sont analysés en considérant l’influence de variables individuelles
(genre, formation reçue) ainsi que de variables contextuelles (ordre
d’enseignement, milieu socio-économique). La conférence se termine par la
présentation de pistes d’action qui permettent de répondre aux besoins divers des
élèves en éducation physique.
Nicolas Margas
Enseignant agrégé d’éducation physique dans différents établissements puis
maître de conférences à l’Université de Caen, Nicolas Margas s’investit depuis 20
ans dans la formation des enseignant·e·s d’éducation physique en STAPS et en ESPE
en France. Depuis 2019, il est maître d’enseignement et de recherche à l’Institut
des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne.
Ses recherches identifient la particularité des activités physiques et sportives dans
la socialisation des élèves (i.e., estime de soi, attitudes, valeurs). Ces processus
psychosociaux resituent l’éducation physique au sein des systèmes éducatifs et
ouvrent des pistes nouvelles face à certaines problématiques scolaires vives
(inclusion, discrimination, harcèlement, santé).
« Les effets sociaux de l’engagement corporel : processus, ambivalence, et
développements face à la problématique de l’inclusion scolaire »
La logique inclusive vise une société juste et non discriminatoire en construisant
des relations positives entre élèves en contexte de diversité. Les politiques
éducatives placent l’éducation physique comme fer-de-lance de cette inclusion.
Nous montrerons comment l’éducation physique, via l’engagement corporel et les
émotions qu’elle propose, construit d’une manière particulière les relations entre
les élèves, pour le meilleur, et parfois pour le pire. La compréhension de ces
processus éclaire les conditions à réunir en classe pour construire une éducation
physique inclusive. Sur la base de ces processus, des développements en
collaboration avec les enseignant·e·s ont été construits (conflits de classe, élèves
migrants allophones) et donnent des résultats encourageants. Ces processus
resituent aussi l’importance du corps et des émotions dans la socialisation et donc
d’une éducation physique non aseptisée dans le système éducatif.