Directeur des sports universitaires et observateur de premier plan, Pierre Pfefferlé livre ses impressions face aux Jeux à venir.
Capitale olympique s’il fallait le rappeler, Lausanne s’agite pour terminer les préparatifs avant le début des Jeux destinés aux 15-18 ans. À voir l’effervescence chez les organisateurs et les nombreux bénévoles répondant présent à chaque appel, tout indique que la fête sera spectaculaire. Normal pour un événement d’envergure.
D’envergure, vraiment ? De loin pas pour tous. Car certains s’agacent de constater une débauche d’énergie pour une manifestation qui n’aurait que peu d’importance. Voire aucune. En observateur aguerri, le directeur du Service des sports universitaires Pierre Pfefferlé pèse pour sa part les intérêts et limites des JOJ.
Une étape
À comparer les acronymes, une seule lettre sépare les JO des JOJ. Preuve du caractère incontournable des derniers ? Non, pour Pierre Pfefferlé. « Ce sont deux dimensions complètement différentes. Les Jeux olympiques sont un aboutissement pour une grande majorité d’athlètes. Les JOJ ont aussi leur importance. Mais il faut relativiser les choses. Ils constituent une expérience, mais ne sont qu’une étape sans forcément d’impact direct sur une carrière. Pour certains jeunes, ils seront un aboutissement. Pour d’autres ce ne sera qu’un passage. » Sans compter la catégorie d’athlètes qui participeront aux plus grandes compétitions sans avoir jamais participé aux éditions pour jeunes.
S’il est question de nuances et de mesure, les JOJ n’en demeurent pas moins source d’intérêt. Notamment pour ce qu’ils sont susceptibles d’apporter aux jeunes. « J’ai entendu des personnes dire que cette compétition peut être néfaste pour les athlètes, livre Pierre Pfefferlé. Parce qu’ils peuvent donner l’impression d’y être arrivés. Ça pourrait effectivement être un danger. Mais la démarche du CIO, avec ses ateliers éducatifs et ses rencontres, permet aux jeunes de véritablement mieux connaître leur discipline et le sport de façon intelligente et réfléchie. L’acquisition d’expériences tant sportives que sociales et le potentiel formateur sont vraiment intéressants. »
Quelle visibilité ?
Les Sports universitaires Lausanne, présents lors de l’édition 2018 à Buenos Aires, ont joui d’une couverture médiatique grâce à leur « Performance Accelerator ». Un dispositif proposant aux athlètes une batterie de tests de performance et de prévention des blessures. L’expérience, concluante, sera reconduite à Lausanne sous le nom de « Health for Performance ». « Notre volonté est de faire comprendre l’importance d’une activité physique réfléchie, à destination aussi bien du sportif lambda que celui d’élite. Dans ce cadre, la santé est extrêmement importante. Or, nous savons que le sport d’élite n’est pas forcément idéal pour la santé. On pousse le corps à l’extrême. Dès lors, informer le sportif pour l’aider à mieux s’entraîner, à bien récupérer et donc à mieux se connaître est pour nous un objectif très important. »
Pour les efforts fournis par les différentes parties prenantes aux JOJ, Pierre Pfefferlé souhaite voir l’édition de janvier à Lausanne couronnée de succès. « Vu l’important dispositif déployé, j’espère que Lausanne 2020 jouira d’une belle visibilité. Qu’il s’agisse du travail réalisé par le comité d’organisation ou celui du Canton, mais aussi la grande participation des hautes écoles. Avec Buenos Aires, nous avons constaté un réel intérêt local et régional. Au niveau international en revanche, cela reste à voir et à confirmer. » D’autant que pour le directeur des sports universitaires, le Canton et la Ville de Lausanne ont réussi une opération jugée exceptionnelle. À savoir coupler les Jeux olympiques de la jeunesse avec trois grandes compétitions qui auront lieu l’an prochain dans la région : les championnats du monde de cyclisme, de hockey et de pétanque. « D’une manière ou d’une autre, on va parler de la Suisse. Associer Lausanne et ses hautes écoles au sport est une très bonne idée. C’est surtout une idée qui fait sens. »
Cet article est paru dans la dernière édition de l'uniscope. Retrouvez tous les articles ici.