Développé à l’UNIL et à la Bibliothèque cantonale de Fribourg, un nouvel outil aide les chercheurs à mieux connaître leurs droits et leurs devoirs lorsqu’ils publient des livres ou des articles scientifiques en Open Access (ou pas).
Papago, en espéranto, se traduit par perroquet. Dans le monde de la science, ce mot signifie désormais des soucis en moins en ce qui concerne les publications. «Aujourd’hui, les chercheurs doivent se préoccuper de davantage d’aspects situés en périphérie de leurs travaux, comme par exemple établir un plan de gestion de leurs données, ou comprendre les rouages de l’Open Access», explique Micaela Crespo, responsable de cette dernière question au dicastère «Recherche, relations internationales et formation continue» de l’UNIL.
Pour simplifier, il existe deux modes de publications scientifiques. Les articles paraissent dans des revues payantes, auxquelles les universités doivent s’abonner, souvent via les bibliothèques. Dans l’autre modèle, l’Open Access, les chercheurs passent le plus souvent à la caisse au moment de publier dans la revue, mais l’article est ensuite accessible gratuitement, sans restriction. Bien entendu, les éditeurs ont inventé un archipel de modèles hybrides, ainsi qu’un système créatif d’embargos variables, entre ces deux pôles. Ce débat concerne également les livres, un mode de diffusion du savoir courant en sciences humaines et sociales.
Aujourd’hui, les instruments de soutien à la recherche (Fonds national suisse ou fonds européens) se dirigent clairement vers l’Open Access, et soumettent l’attribution d’argent aux scientifiques à la condition leurs oeuvres (articles ou livres) sont ensuite accessibles librement.
Le perroquet et l’arbre de décision
« Les droits et les obligations des scientifiques dépendent de nombreux facteurs, dont leurs bailleurs de fonds, la période lors de laquelle les recherches ont été menées ou encore la cession – ou non – de leurs droits à leurs éditeurs, ainsi que des règles de ces derniers », ajoute Micaela Crespo.
Inspiré de l’outil Willo de l’Université de Lille, Papago guide les utilisateurs grâce à un arbre de décision. Sur le site, des questions successives orientent chaque personne vers la solution qui correspond à son cas particulier. «Comme l’outil est dynamique, les fichiers PDF d’explications sont générés à la volée. Cela simplifie leur mise à jour», détaille Micaela Crespo. En effet, les politiques publiques évoluent et les règles des très nombreux éditeurs changent avec le temps. Au total, 36 possibilités existent. Chacune d’entre elles propose en plus un glossaire et un schéma qui éclairent l’Open Access.
Papago, qui existe en quatre langues, promeut le serveur institutionnel Serval. Les chercheurs de l’UNIL et du CHUV sont encouragés à utiliser cet outil gratuit qui permet, après un délai d’embargo variable, de mettre leurs articles scientifiques à disposition de tous. Un bon moyen de diffuser les résultats de la science et de préserver à long terme le patrimoine scientifique de l’UNIL
Malin et facile d’emploi, Papago a été distingué par un prix le 17 octobre dernier, lors du lancement de la stratégie nationale Open Science de swissuniversities, la faîtière des hautes écoles suisses.
Piloté par Micaela Crespo, codé par Thomas Henkel (Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg) et traduit par des membres du Groupe de travail Open Access (AKOA), Papago a l’élégance d’être personnalisable par chaque institution qui souhaite l’adopter. Le code source de cet outil, utile pour toutes les hautes écoles suisses, est déposé sur le service web GitHub, et donc librement accessible.