La soirée «Santé, vulnérabilités et trajectoires de vie», qui a eu lieu le 11 novembre 2019 au CHUV, a abordé l’intrication étroite qui existe entre la santé et ses déterminants sociaux, économiques, politiques, etc. Retour sur cet événement où chaque intervenant a, à sa manière, parlé de justice sociale.
La conférence «5 à 7» du 11 novembre dernier a réuni des conférenciers des Facultés de biologie et de médecine (FBM) et des sciences sociales et politiques (SSP), sous la houlette des Doyens Jean-Daniel Tissot et Marie Santiago Delefosse. L’exposé du Prof. Patrick Bodenmann (FBM-Unisanté) a montré combien la prise en charge des usagers fréquents des urgences relève d’une assistance autant sociale que médicale. Impossible de soigner les personnes en situation vulnérable sans un suivi individualisé qui tient compte de leur histoire. C’est en tout cas la mission que le médecin s’est fixée au sein du Département vulnérabilités et médecine sociale d’Unisanté qu’il dirige.
Les recherches de la démographe Prof. Laura Bernardi (SSP, Centre de recherche LINES) illustrent les inégalités croissantes en matière de santé et de bien-être, à une époque où les trajectoires de vie (privée et professionnelle) sont de plus en plus diverses et incertaines. Selon la chercheuse, l’approche longitudinale s’avère, sur ces questions, bien plus pertinente que les analyses classiques par tranches d’âge ou étapes de vie.
L’anthropologue Prof. Irene Maffi (SSP, Laboratoire d’étude des sciences et des techniques) a poursuivi le propos de ses collègues en illustrant, à travers l’histoire de deux adolescentes tunisiennes, l’importance du contexte juridico-socio-économique dans l’accès aux soins. Que ce soit en Suisse ou au Maghreb, le niveau économique, les traditions religieuses, le contexte familial ou les lois sanitaires peuvent s’avérer délétères pour une prise en charge juste et équitable.
La cheffe de la Santé publique vaudoise, la Dre Stéfanie Monod, a conclu avec un discours en forme de cri d’alarme face à un système de santé de plus en plus coûteux et de moins en moins efficient. La faute à de multiples facteurs, notamment la perte des préoccupations communautaires en faveur de celles de l’individu (santé personnalisée) et une économicisation toujours plus technocrate des actes de soin.
Au final, une soirée où justice sociale et équité à l’ère d’une médecine personnalisée se sont révélées être le fil rouge. L’engagement sociétal dont ont fait preuve les intervenants représente une préoccupation centrale à la FBM.
Des rencontres pour tisser des liens entre Facultés
La soirée «Santé, vulnérabilités et trajectoires de vie» est la deuxième d’un cycle de conférences «5 à 7» interfacultaires. Jusqu’en 2021, la FBM accueille successivement chacune des six autres Facultés de l’UNIL. L’occasion de créer des rapprochements et de mettre en valeur des projets et des thématiques de recherche communs.
Le prochain «5 à 7» aura lieu en juin 2020.