Le programme des conférences du LaDHUL est en ligne
Programme automne 2019
Mercredi 9 octobre 15h15-17h, Geopolis, salle 2207 - Nick Seaver (Université Tufts)
Interpretability, or Learning to Listen to Algorithms
How do algorithms work? As algorithmic systems—from Google’s search engine to Spotify’s recommender—have become objects of popular concern, this question has proven vexing. Not only are these black boxes hidden from public view and illegible to the untrained eye, they are also complex, distributed systems. With the advent of techniques like deep learning, algorithmic systems are often described as “uninterpretable”—so complex that it is impossible, even for insider experts, to explain their outputs. And yet, engineers, like ordinary users, are tenacious interpreters, eager to make sense of algorithmic behavior, regardless of its internal complexity. In this talk, I draw on ethnographic fieldwork with developers of algorithmic music recommenders in the US to theorize “interpretability,” describing how engineers interpret supposedly uninterpretable systems. Music and listening offer useful models for making sense of this interpretive work, for the engineers as well as outside critics. Developers are not uniquely able to “see” inside algorithmic black boxes but rather learn to listen to them, and their own musical sensibilities are knit into the supposedly rational and quantitative operations of algorithmic systems.
*Annulée* Mercredi 23 octobre 13h15-15h, Geopolis, salle 1620 - Maurizio Ferraris (Université de Turin)
La révolution documédiale
La « documédialité » c’est-à-dire l’union entre la force institutive des documents comme archive de données numériques et le dynamisme des médias a transformé le monde social avec une rapidité et une puissance dont le seul équivalent est la révolution capitaliste du début du dix-neuvième siècle. Mais nous n’avons pas encore conceptualisé cette transformation et nous avons coutume de l’interpréter comme une évolution du capitalisme alors qu’il s’agit d’une transformation radicale introduisant une discontinuité dont les traits caractéristiques doivent être analysés.
Mercredi 20 novembre, 13h15-15h, Geopolis, salle 2207 - Francesca Musiani (Centre Internet et Société, CNRS)
Barrières, infrastructures, représentativité: Archivage du Web, enjeu de gouvernance (d’Internet)
En 1980, le philosophe et sociologue Langdon Winner se demandait dans un article qui a fait école : « Est-ce que les artefacts sont politiques ? » (Do artifacts have politics ?). Si l’on souhaite appliquer cette hypothèse aux archives du Web, il s’agit de comprendre – c’est l’objet de cette intervention – en quoi, dans l’archivage du Web, existent des formes spécifiques d’autorité et de pouvoir (DeNardis, 2014) qui dessinent une sorte de microcosme de la gouvernance d’Internet. L’archivage du Web repose sur un modèle multi-parties prenantes. Il n’échappe pas à des tensions ayant trait à la standardisation et à des visions et imaginaires divergents, des communs aux formats propriétaires. Il révèle également la présence de tensions géopolitiques, et on y retrouve des dynamiques qui rappellent le problème de la fracture numérique. Enfin, on y retrouve la relation complexe entre différentes pratiques et sources d’autorité ou de normativité, de la technologie au marché, de la concertation transnationale et internationale aux standards et aux droits. Cette intervention se fonde sur le chapitre « Où commence et s’arrête l’archive ? » du livre « Qu’est-ce qu’une archive du Web ? » que l’auteure a publié début 2019 avec Valérie Schafer, Camille Paloque-Bergès et Benjamin Thierry (Marseille, OpenEdition), disponible en accès libre intégral : https://books.openedition.org/oep/8713.
Jeudi 12 décembre, 17h-19h, Geopolis, salle 1620 - Jensen Pablo (ENS Lyon)
Pourquoi la société ne se laisse pas mettre en équations
Croissance économique, classements des lycées, publicités sur le web: de plus en plus, nos actions sont mises en chiffres, en équations, pour aiguiller ou prédire nos comportements. Les
big data, ces abondantes traces numériques que nous produisons constamment, nous permettront-elles de créer une nouvelle science de la société, aussi performante que les sciences de la nature ? Peut-on s’inspirer des techniques de modélisation mathématique et de simulation informatique élaborées dans les sciences naturelles pour comprendre enfin la société et l’améliorer ?
Une analyse de cette perspective s’avère urgente à l’aube de la révolution numérique. Grâce à sa double compétence de chercheur en physique et en sciences sociales, Pablo Jensen propose de décortiquer de nombreux cas concrets de quantification de nos activités, en les comparant aux mathématisations réussies de la physique. Il peut alors replacer ces exemples dans une perspective théorique générale, en expliquant les réussites, les échecs et les consé- quences politiques de la mise en équations du monde.
Entrée libre et sans inscription
Coordination : Nicolas Baya-Laffite et Boris Beaude