Le recensement participatif des fourmis vaudoises cartonne. Les chercheurs ont reçu 2880 échantillons de ces petites bêtes, de la part de 298 collecteurs. Ce projet, auquel tout le monde peut participer, consiste à mieux connaître la diversité et la répartition de ces insectes dans le canton.
Curieusement, les fourmis vaudoises sont assez mal connues. Quelles espèces peut-on trouver ici ? Où vivent-elles ? Lancée le 27 avril dernier, l'Opération fourmis invite toutes les personnes intéressées à participer au recensement de ces insectes. Ce projet de science participative est piloté par le Département d'écologie et évolution et le laboratoire L'éprouvette (UNIL), la Société vaudoise des sciences naturelles et le Musée cantonal de zoologie de Lausanne.
Concrètement, munis d'un "kit de chercheur" fourni par les organisateurs, les myrmécologues amateurs sont invités à récolter des fourmis, en ville ou dans la nature, à les glisser dans un tube rempli d'alcool et à les envoyer aux chercheurs (le mode d'emploi est ici). Si l'opération se termine fin octobre, le matériel de récolte peut être commandé gratuitement jusqu'au 16 septembre.
A ce jour, 298 collecteurs bénévoles, dont certains très assidus, ont expédié 2880 échantillons. 17'000 kits de chercheurs ont été livrés. Autant dire que le travail de tri et d'identification est important.
Selon Anne Freitag, conservatrice au Musée cantonal de zoologie de Lausanne, 70% des échantillons appartiennent aux genres Lasius (44%) et Formica (26%) , les fourmis les plus communes et/ou les plus faciles à voir et attraper. En particulier, l’espèce Lasius emarginatus représente à elle seule plus de 10 % des récoltes. C’est un insecte petit à moyen, avec le corps bicolore comme une mini-fourmi des bois (tête et abdomen foncés, thorax orange), très mobile, qu’on observe facilement en train de fourrager sur les troncs d’arbres ou le long des murs. Elle est commune dans les jardins et près des habitations.
Une jolie espèce arboricole, Dolichoderus quadripunctatus, a été observée trois fois. Elle n’est sans doute pas rare, mais plutôt discrète. Cet insecte est essentiellement arboricole, les nids étant installés dans les cavités creuses du bois et des tiges, sous les écorces, etc. Les colonies ne comptent que quelques dizaines d’ouvrières. Cette fourmi de 3-4 mm se reconnaît à la présence de 4 taches jaunes sur l’abdomen.
Les Myrmica et Manica, souvent appelées « fourmis rouges », constituent 7 % des récoltes. Elles sont sans aucun doute plus abondantes que ça, mais les nids sont souvent très discrets et échappent donc à l’œil des collecteurs !
Aujourd'hui, les chercheurs mettent les collecteurs au défi: inspecter les microhabitats et petites cachettes qui peuvent abriter des fourmis: tiges creuses, bois mort, glands ou noisettes évidées, fentes dans des rochers, touffes de mousse sur des cailloux, etc. A vos kits !