Un article du Prof. Daniel Oesch dans la revue "Social Change in Switzerland" démontre que l’inégalité salariale entre hommes et femmes commence bien avant la fondation d’une famille.
La différence en Suisse entre les salaires féminins et masculins est souvent expliquée par une répartition inégale des tâches au sein du ménage. Selon cet argument, l’écart des salaires se creuse après la naissance d’un enfant, quand les hommes se concentrent sur le travail rémunéré et les femmes sur les responsabilités familiales. Dans leur article, Prof. Daniel Oesch (ISS - SSP) et Benita Combet (LMU/Université de Münich) examinent cet argument en comparant les salaires d’une cohorte de jeunes hommes et femmes âgés de 20 à 30 ans qui n’ont pas d’enfants.
L’écart salarial entre hommes et femmes se creuse dès l’entrée sur le marché du travail
Même en tenant compte des différences de formation, d’expérience et de profession, leur recherche montre une différence de salaire inexpliquée de quatre à cinq pour cent. Exprimé en salaire annuel, cet écart signifie que les jeunes femmes sans enfant touchent un demi-mois de salaire de moins pour les mêmes attributs productifs. De toute évidence, la répartition des rôles au sein du ménage n’est pas la seule cause de l’inégalité salariale entre les sexes.
Les causes de ces écarts
Les auteurs de l'article passent en revue plusieurs hypothèses qui ont été émises pour expliquer ces écarts. L'une d'elle attribue l’inégalité salariale inexpliquée entre les sexes à la discrimination. En effet, les salaires ne sont pas seulement déterminés par la productivité individuelle (difficilement mesurable). Dans la pratique des négociations, ils sont également influencés par les positions de pouvoir et les normes sociales dominantes.
Une autre cause potentielle du salaire inférieur des femmes pourrait être la « discrimination statistique » exercée par les employeurs. En Suisse, plus de 80% des femmes réduisent leur temps de travail après la naissance de leur premier enfant, voire se retirent complètement du marché du travail (Giudici et Schumacher 2017, OFS 2019b). Il est possible que les employeurs s’attendent systématiquement à ce que toutes les femmes fassent de même et soient donc, dès le départ, moins disposés à investir dans la carrière de leurs employées féminines.
Article complet sur : https://www.socialchangeswitzerland.ch/?p=1781