Des nouveaux anticorps anti-PD-1, utilisés en immunothérapie contre le cancer, ont été développés par le Dr. Fenwick et le Prof. Pantaleo. Les résultats de leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue "The Journal of Experimental Medicine".
L’immunothérapie médicamenteuse est utilisée pour lutter contre le cancer : des anticorps sont administrés au patient pour pousser son système immunitaire à éradiquer ses cellules cancéreuses. L’utilisation des inhibiteurs des checkpoints immuns (immune checkpoint inhibitors) a radicalement changé la prise en charge des patients oncologiques en améliorant la survie à plusieurs types de cancer.
Les soldats du système immunitaire, les lymphocytes T, jouent un rôle central dans l’immunité anti-tumorale et sont capables d’éradiquer les cellules cancéreuses. Ces défenseurs de l’immunité sont équipés à leur surface d’interrupteurs, comme la molécule anti-PD1, appelés checkpoint (point de contrôle immunitaire). Ils sont la tour de contrôle du lymphocyte T et l’aident à prendre la décision de détruire ou non une cellule.
Les cellules tumorales savent détourner ce mécanisme de régulation pour ne pas être reconnues en produisant à leur surface un ligand (molécule chimique), appelé anti-PD-L-1. L’interaction entre le PD-1 et son ligand va engendrer l’épuisement des lymphocytes T et de ce fait, le cancer échappera à la surveillance immunitaire.
Le principe de l’immunothérapie consiste à proposer un traitement qui déverrouille ces freins. Le traitement consiste à injecter un anticorps appelés un « inhibiteur de checkpoint » qui va se coller sur les lymphocytes T ou la tumeur. Cela engendre la re-stimulation des lymphocytes T dans le corps du patient et par conséquent la réjection du cancer.
Malgré ces progrès, seuls 30-40% des patients traités par immunothérapie anti-PD-1 présente une réponse clinique favorable et durable, d’où la nécessité de développer des anticorps plus puissants.
Nouveaux anticorps anti-PD1 avec mécanisme d’action innovant
Dans leur étude, les chercheurs ont développé de puissants nouveaux anticorps anti-PD-1 agissant selon un mécanisme inédit par rapport aux anticorps anti-PD-1 classiques.
Les résultats sont très promoteurs et offrent un bénéfice double. Non seulement grâce au nouveau mécanisme d’action mais aussi par la possibilité de combiner les deux types d’anticorps anti-PD-1 pour produire un effet anti-tumoral synergique et additif. En effet, les chercheurs ont montré une augmentation significative de l’effet anti tumoral sur un modèle de tumeur murine humanisée, simulant le PD-1 humain. Cette découverte ouvre pleinement la voie à de nouvelles perspectives pour développer une immunothérapie contre le cancer plus efficace.
Les résultats détaillés de ce travail ont été publiés dans la revue The Journal of Experimental Medicine.
Dr. Craig Fenwick, Service d'immunologie et d'allergie du CHUV
Professeur Giuseppe Pantaleo, professeur ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL, directeur du Service d'immunologie et d'allergie et chef du Département des laboratoires du CHUV