Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université de Versailles, Jean-Yves Mollier a reçu, sur proposition de la Faculté des lettres, le titre de Docteur honoris causa lors du Dies academicus 2019.
La Faculté des lettres a le plaisir de remettre un Doctorat honoris causa à Jean-Yves Mollier, spécialiste éminent de l’histoire du livre et de l’édition.
Aujourd’hui professeur émérite, Jean-Yves Mollier est Docteur en littérature française de l’Université Paris 3 mais aussi docteur ès lettres & sciences humaines. Il a enseigné à l'université de Paris-Nanterre puis est devenu professeur d'histoire contemporaine à l'université de Saint-Quentin-en Yvelines ou il a mis sur pied le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines dont il a été le directeur de 1998 à 2005 ; c’est l’une des premières institutions francophones à s’être donné ce champ d’études comme spécialisation exclusive.
Jean-Yves Mollier a contribué, via l’histoire du livre, de l’édition et de la lecture, à renouveler profondément les questionnements en histoire culturelle. Il s’est non seulement intéressé aux grandes maisons d’édition mais aussi à leur histoire économique. Il a pu souligner les liens étroits du secteur du livre et de la presse avec les sphères financières et le monde politique.
Il s’est intéressé à toute la chaîne du livre, de sa distribution à ses modes multiples de réception : il a ainsi travaillé sur le commerce de librairie, sur ce qu’il a appelé la « littérature du trottoir », ainsi que sur les pratiques de lecture, notamment en milieu populaire. L’évolution de la culture de l’imprimé a ainsi été replacée dans un contexte plus large marqué par l’élargissement des publics et les influences d’autres formes spectaculaires et médiatiques.
Jean-Yves Mollier a développé un pan important de ses activités à l’étranger, en Europe, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, au Canada, en Australie, en Chine et, dans des proportions importantes, en Amérique du Sud. Cette activité en tant que conférencier et ambassadeur de l’histoire du livre et de l’édition a été prolongée par de nombreuses traductions de de ses textes majeurs en portugais et en espagnol. Il a aussi contribué au développement d’une histoire transnationale pour laquelle il a non seulement milité sur le plan théorique mais qu’il a également mise en pratique dans plusieurs articles et conférences. Il a acquis un rayonnement rare, marqué par une curiosité, une érudition et un entregent remarquables.
L’Université de Lausanne a pu très tôt profiter de collaborer avec lui en développant des relations privilégiées et nouer un partenariat scientifique durable avec le Centre d’histoire culturelle des sociétés. Dès 1989, le professeur d’histoire contemporaine Hans Ulrich Jost a établi les premiers contacts qui ont ensuite été poursuivis par différents collègues de la Faculté des lettres, spécialistes à différents titres de l’histoire de l’imprimé, parmi lesquels on peut citer François Vallotton en histoire contemporaine, Philippe Kaenel en histoire de l’art et plus récemment Miriam Nicoli en histoire moderne. Plusieurs publications importantes témoignent de ce lien scientifique et amical.
La dimension pluridisciplinaire du Centre de Saint-Quentin en a fait un partenaire naturel du Centre des sciences historiques de la culture, structure de la Faculté des lettres qui réunit des représentant.e.s des section de littérature française, histoire de l’art, histoire et cinéma, et qui a fêté ses 10 ans d’existence en mai 2018.
Honorer Jean-Yves Mollier, c’est donc saluer l’itinéraire d’un ami de l’Université de Lausanne, d’un enseignant d’une grande générosité et d’un chercheur particulièrement productif (environ 50 ouvrages et près de 300 articles publiés à ce jour). C’est aussi saluer le rayonnement d’une histoire culturelle pratiquée à l’UNIL dans une perspective pluridisciplinaire et fondamentalement transnationale.
Quelques éléments biographiques
Jean-Yves Mollier est né en 1947 à Roanne. Après une thèse en littérature française consacrée à Noël Parfait (1813-1896), homme politique, journaliste et écrivain, il achève une seconde thèse en histoire, à l’Université de Paris I, sous la direction de Maurice Agulhon, constituée d’un ensemble de travaux parmi lesquels une monographie consacrée aux grands éditeurs Michel et Calmann-Lévy (1984).
C’est le début d’une série de travaux majeurs consacrés à l’histoire du livre et de l’édition dont il est devenu un spécialiste internationalement reconnu. Jean-Yves Mollier a consacré plusieurs ouvrages aux plus grandes maisons du champ éditorial français. Il y souligne les liens étroits du secteur du livre et de la presse avec les sphères financières mais aussi avec le monde politique.
Son approche aborde toute la chaîne du livre ainsi que les pratiques de lecture, notamment en milieu populaire. Ses recherches visent aussi à replacer l’évolution de cette culture de l’imprimé dans un contexte plus large marqué par l’élargissement des publics et les influences d’autres formes médiatiques.
Enseignant à Paris-Nanterre (1988) puis Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint- Quentin-en Yvelines (depuis 1992), Jean-Yves Mollier contribue à mettre sur pied le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, l’une des premières institutions francophones à s’être donné ce champ d’études comme spécialisation exclusive. Il y a formé un nombre considérable d’étudiantes et d’étudiants tout en nouant des relations privilégiées avec des partenaires scientifiques sur (presque) tous les continents, dont la Faculté des lettres de l’UNIL, par le biais de la Section d'histoire d’abord puis par le Centre des sciences historiques de la culture: un partenariat fécond et amical, ponctué par de nombreuses invitations réciproques et plusieurs publications communes.
Cet héritage est prolongé aujourd’hui par la constitution du réseau Metis qui relie institutionnellement les centres d’histoire culturelle de Saint-Quentin, de Padoue et de Lausanne.