Mardi 28 mai, une conférence organisée par l’UNIL présentera au grand public les dernières recherches sur la population des centenaires. Le point avec Daniela Jopp, de l’Institut de psychologie.
En Suisse, on compte environ 1500 personnes centenaires. Elles constituent le groupe de la population qui croît le plus rapidement. Connaît-on en détails les besoins et les problèmes des personnes très âgées, ainsi que ceux de leur famille ? Non, répond Daniela Jopp, professeure associée à l’Institut de psychologie. « Il nous manque de l’information et il n’existe pour l’heure pas vraiment d’étude qui prenne en considération les plus de 90 ans en Suisse. »
Dans le cadre de l’International Centenarian Consortium, qui a lieu cette année en Suisse, l’UNIL organise une conférence ouverte au public le mardi 28 mai au Synathlon soutenue aussi par le Pôle de recherche national LIVES, la Fondation Leenaards et l’Institut de psychologie de l’UNIL. Daniela Jopp, parmi d’autres intervenants, y présentera les ressources sociales et la psychologie des centenaires. L’un des buts de la conférence est de donner une perspective équilibrée et multiculturelle sur le très grand âge. « La perception de la vieillesse est liée à notre façon de voir l’âge dans notre culture. En Suisse, le grand âge est vu très négativement. » Ce dernier est souvent associé à une dégradation de la santé physique et mentale, ainsi qu’à de l'isolement social.
Optimisme à toute épreuve
En résumé, selon Daniela Jopp, les centenaires ont tous des problèmes de santé physique et la moitié d’entre eux est touchée par des troubles cognitifs. Cependant, 80% déclarent être satisfaits au niveau du bien-être et de leur vie en général. Une bonne nouvelle, estime la chercheuse, qui souligne le fort décalage entre la santé physique et la santé mentale à cet âge-là. « Les centenaires n’ignorent pas les maladies mais ces dernières jouent un rôle moindre sur leur bien-être. Leurs ressources psychologiques leur offrent une grande force. »
Divers facteurs mentaux, utiles aussi aux générations plus jeunes, assurent un vécu positif de la vieillesse même à un âge très avancé. Parmi eux, l’optimisme. « Les personnes qui voient le verre à moitié plein ont moins de problèmes suite à des interventions médicales. Ainsi, les plus de 80 ans qui sont plus optimistes que les nonagénaires auraient plus de chance de devenir centenaires. »
Enfants âgés
Dans le cadre des études que Daniela Jopp a menées en Allemagne et aux États-Unis, elle a rencontré un grand nombre de centenaires animés d’une grande passion et d’une envie de la partager. « À Heidelberg lors d’un événement présentant les résultats de notre travail, j’ai invité une dame centenaire, qui avait contribué pendant des années à la recherche sur la paix en Europe, à nous partager son expérience de centenaire. À la place, elle a fait un discours de 20 minutes sans feuille ni préparation sur l’importance de ce sujet, plutôt que de nous parler de ses problèmes de santé. C’était impressionnant », raconte notre interlocutrice, qui estime que dans notre société en général, les personnes très âgées ont peu d’occasions de partager leur expérience, de donner leur avis.
Dans ses recherches, la professeure s’intéresse aussi à la relation des centenaires avec leurs enfants, afin d’évaluer à quel point la qualité de ce lien influence le bien-être et la santé des plus âgés. La tendance générale en Europe est au développement des soins à domicile et à une baisse de la cote des EMS. Une grande responsabilité est donnée aux enfants des centenaires. Daniela Jopp souligne que ces derniers sont eux-mêmes âgés entre 70 et 80 ans, connaissent parfois aussi des problèmes de santé et sont souvent peu soutenus.
Les centenaires n’ont dans leur réseau social souvent qu’une ou deux personnes vers qui se tourner, la plupart étant leurs enfants. Or, si ces derniers ne sont plus en mesure de s’occuper d’eux, le risque d’isolement social est important pour la personne centenaire. « Il est important que la société et les politiques prennent plus de responsabilités envers les anciens », estime la professeure.
Conférence « Vivre jusqu'à 100 ans : quels enjeux ? »
Mardi 28 mai de 18h30 à 20h.
Bâtiment Synathlon, auditoire 1216.
Ouvert au public et gratuit, inscription obligatoire jusqu’au 17 mai en remplissant ce formulaire.