"Réécritures, adaptations, traductions, mises en scène", colloque de relève, UNIL, Faculté des lettres, jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2019, organisé par la FDi (Alberto Roncaccia) et la Section d'anglais (Martine Hennard Dutheil de la Rochère)
Problématique
La question de la réécriture touche à la signification et aux motivations les plus profondes de tout geste artistique ou démarche liée à la représentation. Comme le remarquait Paul Ricoeur, «Écrire, c’est réécrire. Pour l’historien tout ce qui fait énigme devient défi à l’égard des critères de ce qui, à ses yeux, fait qu’une histoire peut être suivie et acceptée» (Temps et récit, Paris, Seuil, 1983, p. 219). Si le rapport à la réalité implique déjà un acte de recomposition sélective qui mobilise des codes, des genres et des références communes, dans ce colloque nous proposons d’examiner des pratiques transformationnelles qui relèvent du domaine de l’intertextualité et de la transtextualité. La notion de réécriture sera employée dans son acception la plus large, qui ne se limite pas au texte écrit mais concerne tout acte de récupération, de réutilisation et de réinterprétation d’éléments appartenant à une ou à plusieurs œuvres préexistantes.
Ce type de transfert touche principalement la littérature, qu’il s’agisse de la réécriture d’auteur, de la parodie, de la traduction, de la censure, ou, de façon plus générale, de l’imitation et de l’émulation, longtemps constitutives du "devenir auteur". Au-delà de la sphère strictement littéraire, les pratiques de transformation concernent toutes les formes artistiques, qu’elles entretiennent ou non une relation directe avec des textes littéraires: art figuratif, théâtre, danse, photographie, cinéma. En dehors du domaine strictement artistique, l’historiographie et l’histoire de la philosophie sont aussi marquées par la reprise, la réorientation idéologique et la réécriture.
L’observation de ces phénomènes de transfert, traduction, transposition et transmédiation ne peut se limiter à l’identification de relations de dépendance ou d’influence, figées dans une sorte de spécularité plus ou moins manifeste entre objets esthétiques différents. Concernant la littérature, nous nous proposons de revisiter la taxinomie de Gérard Genette (Introduction à l’architexte, Seuil, 1979; Palimpsestes, Seuil, 1982) dans cette optique. Le véritable enjeu nous semble se situer en effet dans le processus dynamique, à la fois critique et créatif, de réorientation des formes et du sens qui permet de redéployer, ailleurs et autrement, les hypotextes sous-jacents: la réécriture produit ainsi une œuvre singulière et configure une réception nouvelle. En se constituant à travers la mémoire interne d’un réseau d’hypotextes, cette nouvelle création active des fluctuations de genre, suscite des métamorphoses de sens, détermine son médium et s’actualise à partir de situations énonciatives propres. Pour saisir ces dynamiques, nous pourrons faire référence au concept productif de «transcréation».
Pour ce colloque, nous proposons d’étudier des cas spécifiques de réécriture, d’adaptations, de traductions, de mises en scène et de transposition, afin de saisir les stratégies transformationnelles à l’œuvre ainsi que leurs effets.
Agenda et contact
Les propositions d’exposés sont attendues pour le 17 septembre 2019 au plus tard, par voie d’e-mail à l’adresse: Alberto.Roncaccia@unil.ch avec copie à fdi@unil.ch
Elles contiendront vos coordonnées académiques complètes, et pour votre proposition: 1) un titre, 2) une problématique d'environ 3'000 signes (espaces compris) et 3) une brève bibliographie de travail, aux références complètes.