Mobilisations « à bas bruits »: de nouvelles promesses de changement ? Discuter et mettre à l’épreuve un concept dans le contexte africain.
Le concept de mobilisation a longtemps été surdéterminé par son rapport au politique. Or il s’est opéré une certaine dé-légitimation du politique comme vecteur du changement social (chute du mur de Berlin, montée d’un populisme autoritaire, etc.). Parallèlement, l’envers du succès de la sociologie des mobilisations a parfois produit une « routinisation » qui construit des prêts à penser pour des phénomènes standardisés. A contrario des pratiques diversifiées, économiques et culturelles, sont porteuses de dimensions égalitaires et émancipatrices (ou au contraire conservatrices) dont la portée politique n’est ni un préalable, ni une conséquence inéluctable. Ces pratiques se rapportent aux mœurs et aux modes de vie dont nous posons qu’elles sont partiellement autonomes par rapport au champ politique, en tout cas elles ne doivent pas être positionnées hic et nunc par rapport au politique. A l’inverse, contester les institutions n’est pas toujours un gage de profondeur de la mobilisation : violences démonstratives et tapage médiatique peuvent mettre en cause des institutions ou des pouvoirs publics, sans toujours menacer les rapports sociaux traditionnels, ces hiérarchies et dominations sociales inscrites au cœur des modes de vie et bien résumées par le triptyque anglo-saxon : race, class and gender. La question des modes de vie déborde donc le ciblage du cadre institutionnel, contester et subvertir n’étant pas toujours synonymes, même s’il ne s’agit pas de les dresser l’un contre l’autre.