Étudiant Master en français moderne en Faculté des lettres, Romain Buffat a reçu le Prix Terra Nova de la Fondation Schiller pour « Schumacher », son premier roman publié aux éditions d'Autre Part (2018).
Après avoir obtenu le Prix littéraire chenois en 2018, Romain Buffat, étudiant Master en français moderne, remporte le Prix Terra Nova de la Fondation Schiller pour « Schumacher » son premier roman aux éditions d'Autre Part. Ce Prix est attribué à des auteur·e·s en début de carrière pour un ouvrage littéraire de grande qualité dans l’une de nos quatre langues nationales (en règle générale pour une première œuvre).
Avis du Jury :
Les membres du jury ont été séduits par la langue sobre de ce roman gigogne, dont les histoires s’emboîtent au fur et à mesure que se conjuguent les solitudes irrémédiables de vivre de Schumacher et des autres.
La trame de ce court premier roman est comme les poupées russes : le personnage principal, celui qui fait la légende, et l’histoire, c’est donc Schumacher (dont on ne sait si le nom est bien orthographié), … à moins que ce ne soit Colette, la jeune femme qu’il courtise, ou bien encore, sa fille, née de leur amour ou même, finalement, le narrateur, petit-fils d’un Schumacher devenu légende familiale ?
C’est Schumacher aussi qui tire les ficelles, fixant le destin des autres personnages, à moins que, à moins que ce ne soit Colette ? Du début à la fin, le lecteur ne sait pas exactement qui décide et qui subit le destin. D’ailleurs, rien de terriblement dramatique : tout se fait dans la légèreté, même les chagrins sont doux, dans ce roman qui navigue entre Amérique, rêves et vie de province, avec ses personnages attachés à leur vie, même sans choix, même étriquée.
Rien de moral non plus dans cette histoire d’abandons en cascades ; à moins que l’abandon soit la plus grande des loyautés, de la part de personnages aussi incertains des suites à donner à leur existence, et dont la dignité se trouve dans l’incapacité à être autres qu’ils ne sont.
Le lecteur suit ces petites histoires de vies, vies entières condensées sur quelques pages, ouvrant bien plus de silences et d’interrogations que de certitudes, comme les fils d’une tapisserie, comme on regarderait une photographie de groupe sépia, dont les personnages se fondent peu à peu dans l’image et le flou du grain.
Romain Buffat laisse à ses lecteurs une nostalgie irrépressible, mais le désir d’aimer quand même ces gens médiocres et minuscules qui traversent ce court roman, personnages dont les sourires contraints dévoilent autant de courage que de lâchetés, autant d’héroïsme que de médiocrité ; quand on quitte ces personnages de tragédie grecque de banlieue, dérisoires et magnifiques, on en sait un peu plus sur notre humanité.
Résumé de l'ouvrage
De lui on ne sait à peu près rien, sinon ce qu’il faut pour en faire un mythe. On sait qu’il venait des États-Unis, qu’il était incorporé dans l’U.S. Air Force à la base aérienne d’Évreux en Normandie à la fin des années cinquante, et qu’il y rencontra une Française prénommée Colette. Le reste est de l’ordre de la spéculation.
À propos de l'auteur
Romain Buffat est né en 1989 à Yverdon-les-Bains. Il a étudié à l’Institut littéraire suisse, où il a obtenu son Bachelor en écriture littéraire. Lauréat du prix de la Sorge en 2016, il est également membre du collectif Hétérotrophe qu’il a co-fondé. Il collabore aux sites Internet viceversalitterature.ch et poesieromande.ch. Parallèlement à son poste d’assistant de filière à l’Institut littéraire suisse, il termine son Master en français moderne à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne.