La Faculté des HEC de l'UNIL a perdu l'une de ses étoiles les plus brillantes: Olivier Cadot, Professeur en stratégie et Vice-doyen, est décédé le 20 mars 2019 dernier, à 61 ans seulement. Le professeur Cadot était un expert de renommée internationale en politique commerciale ainsi qu'en économie du développement et co-directeur de l'Institut CREA. Selon Jean-Philippe Bonardi, Doyen de HEC Lausanne, "il était extrêmement attaché à l’Université de Lausanne, à HEC Lausanne et plus généralement à son travail de chercheur et d’enseignant. Il s’agit évidemment d’une grande perte pour nous tous, mais je suis sûr aujourd’hui qu’il repose en paix".
Olivier Cadot était l'incarnation d'un citoyen du monde: d'origine française, polonaise et suisse, né et élevé en France, il a fait ses études de premier cycle à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l'Université McGill au Canada et obtenu son doctorat à l'Université de Princeton (1991) aux États-Unis. Après avoir obtenu son doctorat, il a été nommé professeur à l'INSEAD Fontainebleau (France) et a occupé des postes académiques temporaires, entre autres à University of California Los Angeles (UCLA), l'Université de New York (États-Unis) et l'Université Koç (Turquie). Tout au long de sa carrière, il a été un expert très recherché en matière de commerce et de développement, travaillant sur de nombreuses missions pour la Banque mondiale, principalement en Afrique mais aussi en Asie du Sud et en Amérique latine, et souvent en étroite collaboration avec la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI) à Clermont-Ferrand en France.
D'abord et avant tout, Olivier Cadot était un chercheur dévoué et productif. Formé à l'origine comme théoricien de l'économie appliquée, il s'est intéressé de plus en plus aux sujets empiriques au fil du temps. Il a contribué à la "révolution de la crédibilité" en économie appliquée en déployant et en affinant des stratégies quasi expérimentales sur des sujets variés en économie du commerce et du développement. Il a publié plus de 40 articles dans des revues internationales et a été nommé Fellow du Centre for Economic Policy Research (CEPR) à Londres (Grande-Bretagne), le principal réseau européen d'économistes universitaires.
Parmi ses travaux les plus connus figure un modèle de "corruption comme pari", qui montre comment la petite corruption de fonctionnaires de rang inférieur et la corruption de hauts fonctionnaires peuvent se renforcer mutuellement et donc devenir très difficiles à éradiquer. Dans d'autres documents influents, il a montré comment les zones de libre-échange peuvent paradoxalement conduire à moins de libre-échange à mesure que les membres érigent des barrières plus élevées contre les non-membres et comment les investissements dans les infrastructures de transport sont principalement déterminés par les préoccupations électorales des politiques plutôt que par l'efficacité économique.
Sur la base de ses réalisations scientifiques et de sa réputation internationale, la Faculté a nommé Olivier Cadot professeur ordinaire en 1999. Formé aux rigueurs de la théorie économique, sa vaste expertise appliquée et ses compétences de communicateur et d'enseignant en ont fait un candidat idéal pour un poste à l'intersection de la gestion et de l'économie.
Il a rejoint ce qui était alors le Département du Management et, au fil des ans, il a grandement contribué à faciliter l'échange d'approches scientifiques entre les traditions de recherche au sein de HEC Lausanne - notamment par sa gestion académique dévouée d'un grand nombre de thèses de doctorat et de maîtrise. Il était donc un candidat idéal pour occuper le poste de Vice-doyen à la recherche, ce qu'il a fait avec succès et dévouement depuis 2015.
Olivier Cadot était un collègue universellement populaire et respecté. Le Doyen Jean-Philippe Bonardi relève que "la manière avec laquelle Olivier Cadot a fait face à la maladie et le courage dont il a fait preuve depuis de longs mois ne peuvent que forcer le respect. En plus de toutes les belles choses que nous avons vécues avec lui, c’est aussi cela dont, je pense, nous devons nous rappeler".
Selon son collègue et co-auteur Marius Brülhart, "Olivier Cadot a été une source d'inspiration. Quel que soit le contexte - une salle de séminaire Extranef, une réunion de professeurs au bureau du doyen, un court de tennis à Crissier ou une mission de la Banque mondiale à Kinshasa - ses contributions étaient souvent spirituelles et toujours sages".