Publication du dossier "Identité au travail, identités professionnelles" dans la revue SociologieS (novembre 18)
coordonné par Marc Perrenoud et Ivan Sainsaulieu
Pourquoi ce Dossier ?
Ce Dossier thématique a pour objectif de faire un point sur les usages en sciences sociales des notions d’« identité au travail » et d’« identité professionnelle », en les distinguant de celle plus générale d’« identité ». Malgré ou du fait de leur proximité, notre intention est, d’abord, de restituer leur histoire ou leur tradition respectives et de trier leurs acceptions, en privilégiant les objets qui nous préoccupent : le travail et les groupes professionnels. Cet effort de clarification n’est pas pour autant dogmatique : nous ne perdons pas de vue la diversité des échelles, des variables et des médiations par lesquelles un acteur et un chercheur peuvent mettre en perspective l’identité individuelle et collective au travail. D’ailleurs notre intention est aussi de faire dialoguer, autant que possible, des perspectives qui se sont trop souvent ignorées, comme l’école de pensée de Pierre Bourdieu, la sociologie du travail et des organisations en France et la tradition interactionniste étatsunienne.
L’histoire intellectuelle contemporaine est riche, tant des réflexions qui ont parfois conduit à l’abandon du thème de l’identité en général que des questions entourant l’identité au travail et l’identité professionnelle. En prenant appui sur différents textes publiés au cours des vingt dernières années, nous traitons d’abord des couples épistémiques antinomiques qui semblent structurer l’analyse de « l’identité » au sens général, avec toutes ses ambivalences et ses pièges sémantiques. Nous verrons ensuite comment la sociologie interactionniste nord-américaine de la deuxième moitié du xxème siècle a pu proposer des acceptions peut-être plus opératoires, puis comment la théorie bourdieusienne de l’habitus et ses développements contemporains présentent une tentative féconde de dépassement des apories liées à l’« l’identité ». Nous montrerons enfin que les notions d’« identité au travail », d’« identité professionnelle » et d’« identité de métier » méritent d’être à la fois prises au sérieux et affinées pour constituer des outils conceptuels pertinents.