Trois jeunes médecins pourront profiter de la bourse «Pépinière» pour poursuivre leurs recherches. Attribuée chaque année par l'UNIL et le CHUV, cette bourse a la particularité d'offrir aux lauréats du temps dédié à la recherche.
Présidé par la Prof. Jocelyne Bloch, professeure associée à la FBM, le comité de la bourse a retenu cette année, la Dre Angela Koutsokera, cheffe de clinique au Service de pneumologie du CHUV, le Dr Evrim Jaccard, chef de clinique au Service de médecine interne du CHUV et le Dr David Desseauve, médecin associé au Service de gynécologie-obstétrique du CHUV. Créé conjointement en 2016 par le CHUV et la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne (UNIL), ce programme s’adresse à des médecins chefs de clinique ou associés disposant déjà d’un bagage en recherche et qui sont en voie d’autonomisation dans leur activité scientifique.
Le service de chaque lauréat-e reçoit pendant deux ans un montant annuel de 80’000 francs. Cette enveloppe permet d’engager une personne qui décharge la ou le chercheur-euse de 50% de ses activités cliniques. L’objectif est ainsi d’assurer un temps protégé pour se consacrer à la recherche et à l’obtention de financements externes, afin de consolider le dossier académique en vue d’une promotion à un poste professoral. «L’expérience que nous avons des deux années précédentes est très positive. En ayant plus de temps à disposition, les chercheurs ont réellement pu faire un grand pas dans leurs recherches respectives», explique Jocelyne Bloch.
David Desseauve, à la recherche de la position optimale pour accoucher
Obstétricien, épidémiologiste, biomécanicien et enseignant passionné par l’accouchement, David Desseauve est un spécialiste des grossesses à haut risque. Nommé médecin associé dans le Service d’obstétrique du Département femme-mère-enfant (DFME), il met en oeuvre depuis 2015 toute son expertise pour comprendre les mécanismes individuels qui permettent de «mieux naître». Sa thématique de recherche porte sur l’optimisation biomécanique des positions d’accouchement (projet OPTIMAC en collaboration avec le Swiss motion lab et l’EPFL). Ce projet novateur cherche à mieux caractériser les effets des positions d’accouchement sur le déroulé de ce dernier. Pour mieux mesurer les positions et leurs effets, David Desseauve utilise des méthodes dérivées de l’analyse de la marche et des sciences du sport pour trouver la position idéale pour chaque patiente, un peu comme on peut le faire maintenant couramment pour un sprinteur qui chercherait la position idéale pour prendre un départ de 100 mètres.
Evrim Jaccard et l'effet du fer intraveineux sur le métabolisme du glucose
Le Dr Evrim Jaccard a rejoint le Service de médecine interne du CHUV en 2011. Il s’intéresse à l’impact que pourrait avoir le fer sur le dévelopement du diabète. Les personnes souffrant d'une surcharge de fer dans l'organisme développent en effet plus souvent un diabète alors qu’une diminution des réserves de fer par saignées améliore le métabolisme du glucose. Il n’est par contre pas clairement établi si le fer joue un rôle direct dans ce changement. L’étude DIAFER, soutenue par la bourse Pépinière, propose un changement de paradigme et vise à mesurer l'effet d’une réplétion des réserves de fer sur le métabolisme du glucose. Le recrutement de 38 femmes souffrant de carence en fer symptomatiques (fatigue chronique) et d’une intolérande au fer per os (par voie orale) est en cours. L’objectif est de mesurer des changement dans le métabolisme du glucose après réplétion des réserves de fer et de mieux comprendre les voies métaboliques impliquées dans ce processus. Dans une seconde étape, le Dr Jaccard souhaite étendre cette recherche aux femmes enceintes.
Angela Koutsokera, le microbiote pulmonaire en situation de transplantation
La Dre Angela Koutsokera, engagée au Service de pneumologie du CHUV depuis 2011, s’intéresse à la greffe pulmonaire et aux risques encourus pour les patients fragilisés. Les poumons abritent une communauté relativement variée de microbes appelée «microbiote». Le microbiote pulmonaire interagit avec le poumon greffé et le système immunitaire du patient transplanté, mais les effets sur les fonctions et l’évolution à long terme du greffon sont encore peu connus. Le projet de recherche d’Angela Koutsokera va investiguer les interactions entre le microenvironnement pulmonaire - déterminé notamment par une caractérisation des bactéries et des virus - et la fragilité chez les transplantés pulmonaires. Les résultats de cette étude devraient faciliter l’identification précoce de patients vulnérables qui risquent de présenter une évolution défavorable. Il sera ainsi possible d’optimiser leur suivi.