Président de l’Association des étudiant·e·s en biologie de l’UNIL et vidéaste aguerri, Victor Ammann a passé un mois au Gabon pour documenter, en images, la biodiversité de ce pays africain. Le premier des seize petits films vient de paraître. Rencontre avec un touche-à-tout que rien ne semble freiner.
Il lui aura fallu treize heures de train, trois heures de 4x4, une heure de pirogue, deux heures de quad, huit heures de marche dans la jungle pour atteindre son graal : le baï de Langoué, une immense clairière nichée au cœur d’une forêt primaire gabonaise. Qu’à cela ne tienne ! Victor Ammann, étudiant en première année du Master en comportement, évolution et conservation de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, a passé l’été 2018 au Gabon pour tourner, en solo, des microdocumentaires amateurs consacrés à la biodiversité. Son « projet Langoué » a pour but affiché d’augmenter la visibilité de problématiques de conservation.
Absolument intarissable, quel que soit le sujet abordé – de son dos ravagé par les moustiques, aux trois jours de retard générés par un déraillement de train – Victor Ammann revient sur la genèse de cette aventure. « L’idée a germé il y a quatre ans, quand j’ai vu un documentaire incroyable sur le baï de Langoué. A l’époque, je ne savais même pas que le Gabon se trouvait en Afrique ! » avoue-t-il, rieur.
Volonté de fer
Audacieux, le Genevois a frappé à toutes les portes. Peu sont restées fermées. Soutenu par plusieurs professeurs au Département d’écologie et évolution et parrainé par L’éprouvette, le laboratoire public de l’UNIL, ainsi que par la Société zoologique de Genève, l’étudiant a également eu recours à une plateforme de financement participatif pour renflouer le bas de laine qu’il alimentait personnellement depuis des années.
Les quatre caméras équipées de détecteurs de mouvements et de capteurs infrarouges qu’il a ainsi pu acquérir lui ont permis de tourner des images de créatures souvent quasi insaisissables, comme le pangolin géant. Ce mammifère insectivore à écailles est au cœur du premier film, disponible depuis le 1er décembre sur la chaîne Youtube de Victor Ammann : VicWildProd.
Les épisodes suivants s’enchaîneront au rythme d’un par mois. Eléphant, crocodile, panthère… Chacun présente une espèce animale dans son milieu naturel ou traite d’un écosystème particulier. Le souvenir le plus poignant du vidéaste ? Une rencontre fortuite avec un gorille mâle adulte, après trois jours passés à l’affût au sommet d’un mirador.
Rassembler autour de la nature
L’itinéraire que Victor Ammann comptait parcourir au Gabon a dû être modifié à plusieurs reprises. « Mais, au final, tout se goupille, c’est aussi ça l’Afrique », plaisante-il. Ces aléas lui ont permis de réaliser deux films consacrés à des recherches sur les mandrills. « J’ai eu la chance de suivre dans la jungle deux scientifiques qui travaillent sur le comportement de ces primates dans leur milieu naturel. Ce n’était pas du tout prévu » L’occasion aussi de poursuivre un objectif qui lui est cher. « J’ai toujours aimé vulgariser la science, amener les gens vers la nature. » Pour preuve, l’étudiant en biologie travaille comme médiateur scientifique au Musée cantonal de zoologie et à Aquatis. En 2018, il a entièrement mis sur pied et géré un atelier au cœur de la forêt de Dorigny durant les Mystères de l’UNIL, les portes ouvertes de l’Université.
Boute-en-train dont l’enthousiasme ne semble pouvoir être écorché, il préside également Le LAB, l’Association des étudiant·e·s en biologie de l’UNIL, et a organisé un nettoyage de la Chamberonne au printemps dernier. Plus de 150 kg de déchets avaient alors été repêchés du fond de la rivière.
Coup d’essai gagnant
Son amour de l’image ? Victor Ammann concède avec humour être passé derrière la caméra afin de pallier son orthographe « nulle ». « Pour mon travail de maturité au gymnase, j’ai donc décidé de faire une vidéo sur la renaturation des rivières. » S’en suivra un film relatif à la migration des truites lacustres, produit sur le campus de Dorigny. Avec le soutien du Service des bâtiments et travaux de l’UNIL, il a ensuite réalisé un documentaire sur la biodiversité de la Chamberonne tourné avec des drones et des caméras subaquatiques.
« Plus jeune, les parties de pêche avec mon cousin m’ont beaucoup rapproché de la nature, se souvient-il. Aujourd’hui, je pêche de moins en moins mais j’aime de plus en plus les rivières ! » Dans le cadre de son travail de master, Victor Ammann entreprendra une étude d’efficacité des passes à poissons dans le canton de Fribourg.
Parallèlement, il songe déjà à sa prochaine aventure caméra au poing : « Bike to wild ». « L’idée c’est de partir de chez moi à Lausanne avec tout mon matos sur le dos et de pédaler, en compagnie d’un expert, à la découverte d’animaux proches de nous. Par exemple, les cerfs du Valais ou les chauves-souris. » Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à 26 ans, Victor Ammann sait où il veut aller. « Je fais des études de biologie pour acquérir une certaine légitimité par rapport à ce que j’ambitionne de faire plus tard de manière professionnelle : des documentaires animaliers et de la vulgarisation scientifique. »
Rendez-vous :
Avant-première des épisodes 2 à 7 du projet Langoué
Récit de voyage par Victor Ammann
Vendredi 4 janvier 2019 à 18h (ouverture des portes à 17h30)
Auditoire du Musée cantonal de zoologie à Lausanne
Palais de Rumine
Entrée libre sans inscription