Du 29 novembre au 1er décembre, La Grange de Dorigny a le plaisir d'accueillir Latifa Djerbi avec "La Danse des Affranchies", texte lauréat du concours Textes-en-Scènes 2017. Une tragi-comédie incisive et bouleversante à neuf personnages, dans une mise en scène signée Julien Mages.
Une famille franco-tunisienne est sur le point d’imploser. Dounia, la fille cadette installée en Suisse depuis des années, rejoint les siens au bled pour l’enterrement du père. La Tunisie, en pleine insurrection contre Ben Ali, lui fait l’effet d’un territoire inconnu, au même titre que son propre corps qu’elle tente de se réapproprier. La soif de liberté d’une femme entre en vibration avec les aspirations profondes de tout un peuple. Comment s’affranchir d’une société qui étouffe nos rêves ? Comment retrouver le chemin du plaisir et de la joie ?
Cette pièce du trop-plein pousse les curseurs de la violence exprimée, elle ose l'excès à travers une langue incisive, insolente et cruelle, parfois poétique. Elle interroge les ravages nés des prohibitions destructrices et imprimées dans les corps via une tyrannie sociétale sévère. Il s'agit d'éprouver comment les individus portent au plus profond de leur chair cette oppression.
La Danse des Affranchies explore et questionne l'intime, le subversif. Non sans humour, la pièce fait radicalement le choix du politiquement incorrect, dans un mouvement jubilatoire et libérateur!
Note d'auteure
« Dans La Danse des Affranchies, j’utilise la langue comme une arme. Une langue crue et incisive: émotionnelle. Je vise une écriture théâtrale organique. J’aime que les mots soient «viande et chair» pour que le texte ouvre sur une expérience sensorielle et cathartique. Il y a dans mon travail un sens de la réplique et du dialogue, où se rencontrent l’humour et la violence, comme me l’a fait remarquer Fabrice Melquiot qui suit mon travail depuis trois ans.
Dans cette pièce, je raconte la violence qui s’exprime dans les relations intimes, comme les relations familiales. Je prends plaisir à les dynamiter, les miner pour en faire un champ de bataille, avec en arrière-plan le Printemps arabe. Je cherche ainsi à donner à voir, avec authenticité, des réalités qui me sont familières, et auxquelles les journalistes ne peuvent pas accéder ou très difficilement : l’intérieur d’une maison arabe.
À travers cette tension intra-familiale permanente, je n’en cultive pas moins des interstices, des questions. Il s’agit de mettre en texte le tacite, comme l’ambiguïté sexuelle par exemple. J’aime l’implicite dans les dialogues et les ellipses pour laisser un véritable espace à l’imaginaire du spectateur. Chaque personnage de la pièce est porté par une vraie nécessité de dire et existe à
part entière, dans sa profondeur et sa complexité. Loin d’être massifs, les personnages sont ici partagés, divisés. Ce sont les êtres déchirés. À l’instar de Dounia, suissesse d’origine tunisienne, qui vient dire sa difficulté à aimer les arabes, car c’est une part d’elle-même qu’elle a du mal à accueillir. »
Latifa Djerbi
La Danse des Affranchies, du 29 novembre au 1er décembre 2018
Jeudi 19h
Vendredi 20h
Samedi 18h
Durée : 1h15
De Latifa Djerbi
Mise en scène Julien Mages
Par Cie Les Faiseurs de rêve
Direction d'acteurs Françoua Garrigues
Création costumes & scénographie Anna Pacchiani
Création lumières Jean-Michel Carrat
Collaboration son Michel Zürcher & Loane Ruga
Avec Séverine Bujard, Radia Chapot-Habbes, Latifa Djerbi, Lamia Dorner, Thierry Jorand, Mohad Sanou
Production : Cie Les Faiseurs de Rêves
Coproduction : Saint-Gervais Genève Le Théâtre - Ville de Ferney-Voltaire - La Grange de Dorigny-UNIL
AUTOUR DU SPECTACLE