Des séries TV présentent les prouesses des experts en science forensique, capables de livrer des certitudes à partir de traces infimes retrouvées sur des scènes de crimes. Qu’en est-il en réalité ? Un cours en ligne gratuit, réalisé par des chercheurs et enseignants de l’École des sciences criminelles de l’UNIL, propose d’acquérir un regard réaliste et informé.
L’ADN ou une trace digitale constituent-ils des preuves absolues ? Comment les tribunaux doivent-ils comprendre puis utiliser les rapports fournis par la science forensique ? Ces questions – et de nombreuses autres – sont développées dans un cours en ligne gratuit lancé par une équipe passionnée de chercheurs et d’enseignants de l’École des sciences criminelles (Faculté de droit, d’administration publique et des sciences criminelles), à l’UNIL.
Ce cursus en vidéo s’adresse à tout le monde et ne requiert aucun prérequis. Il intéressera aussi bien les fans de CSI que les professionnels de la police et de la justice (magistrats, avocats, etc.), les étudiants en droit ou les journalistes. D’une durée totale de quinze heures, réparties sur cinq semaines, ce cours a été concocté par Tacha Hicks Champod (chargée de cours online de statistiques forensiques à la formation continue), Alex Biedermann (professeur associé), Christophe Champod et Franco Taroni (professeurs).
Dans les laboratoires
Leur MOOC (Massive online open course, dans la langue de Kay Scarpetta) constitue l’occasion rare de « visiter » plusieurs laboratoires de l’École des sciences criminelles, des locaux qui servent de cadre à la formation. Chacune des semaines du cours est consacrée à une thématique particulière. Endossant le rôle d’acteurs, les quatre chercheurs se sont mis en scène afin de proposer des démonstrations. Par exemple, comment analyse-t-on des échantillons d’ADN ? Comment relève-t-on des traces digitales et des traces d'oreille ? Comment prélever des résidus de tir ? Avec quelle technique, quels instruments ? Comment rédige-t-on ensuite un bon rapport à destination du tribunal ? Quelles sont les erreurs possibles ? Comment peut-on utiliser les statistiques sans risque de mauvaise compréhension par des non-spécialistes ?
La formation, qui requiert une quinzaine d’heures au total, est nourrie d’exemples réels, de l’affaire Dreyfus à Amanda Knox. Elle se compose également de présentations des technologies employées, ainsi que de contenu théorique fourni par des professeurs de science forensique. Chacune des semaines de formation se conclut par un quizz, qui permet de tester l’acquisition des connaissances.
Erreurs judiciaires
Sortant du strict cadre scientifique, le MOOC propose des entretiens filmés avec des victimes d’erreurs judiciaires, liées à des fautes commises lors d’expertises en science forensique, ou à des interprétations fautives des résultats par la justice. Toutefois, les auteurs de la formation ne cherchent pas à semer l’inquiétude, mais, en nous montrant l’envers du décor, à nous faire sortir de notre fascination pour une discipline très médiatisée en nous dotant d’un regard critique et informé.
Il est possible de s’inscrire gratuitement au cours, intitulé Challenging forensic science : how should science speak to Court ? sur la plateforme Coursera. La version française (La Science forensique au tribunal, un témoin digne de foi ?) sera lancée début janvier 2019.
Les personnes désireuses d’approfondir leurs connaissances pourront ensuite se tourner vers une offre de cours avancés en anglais, entièrement disponibles en ligne sur la plateforme de la Formation Continue UNIL-EPFL. Il s’agit des trois formations courtes Essentials of DNA interpretation, Essentials of forensic interpretation et Essentials of Bayesian networks in forensic science, ainsi que du Certificate of Advanced Studies baptisé Statistics And The Evaluation Of Forensic Evidence.
Liens
Challenging forensic science : how should science speak to Court ?