Invitée scientifique du prochain Labo 6X15', rendez-vous proposé par la Grange de Dorigny, Joséphine Stebler questionnera la voix sous de nombreux aspects.
La voix, c’est quoi ? Parler, un ton, un débit, une fréquence, individuelle, partagée, une posture, un vote. Un peu de tous ces éléments et plus encore. C’est en partie ce que montrera Joséphine Stebler, anthropologue et maître d’enseignement et de recherche à l’École de français langue étrangère, le 16 novembre à 20h à la Grange de Dorigny. Son intervention s’inscrit dans le cadre du prochain Labo 6X15', le rendez-vous qui rassemble un scientifique et cinq artistes autour d’un thème, dont chacun livre son interprétation en quinze minutes.
« La voix implique de tenir compte de nombreux éléments dans nos manières d’être attentifs et de répondre aux expressions des autres. Dans ce sens, elle est profondément anthropologique puisqu’elle questionne nos rapports à autrui. D’être à l’écoute, ou non. » Lors de son passage à la Grange, la chercheuse montrera que ça ne s’arrête pas là. Joséphine Stebler, qui prépare une thèse en anthropologie de la lecture, s’intéresse aussi au texte, au-delà de mots couchés sur papier.
« Lire un texte, c’est lire une voix qui s’exprime d’une certaine manière. Sans le corps. Mais quand on lit, on entend. Il y a des aspects sonores même dans une lecture silencieuse. » Sur cette question, l’anthropologue évoque par ailleurs la manière dont l’humain redonne voix à l’écrit, lorsqu’un individu fait circuler le texte. « Les chercheurs se lisent entre eux, relisent les articles des uns et des autres, en parlent, les présentent en cours. La circulation, c’est-à-dire la conversation, est une manière de redonner son et vie à des voix auxquelles nous réagissons. »
Cherche et trouve
La perspective de Joséphine Stebler s’inscrit dans un courant qui hérite de Wittgenstein et Stanley Cavell. Le philosophe américain a notamment travaillé sur l’idée d’une éducation des adultes, « sur notre besoin de continuer notre éducation et sur les façons que nous avons de chercher perpétuellement notre voix. Cavell n’aime pas trop quand on parle de trouver sa voix. Parce que c’est un processus évolutif, in(dé)terminé. Il préfère dire qu’on cherche, ce qui renvoie à une éthique de la vulnérabilité. Ça implique des ratés, des hésitations, des essais, des erreurs dont on a souvent peur. Alors que ce n’est pas grave de rater. »
L’intervention de la chercheuse se mêlera, en échos, aux performances de cinq artistes : Vincent Barras, Claire Genoux, Benoît Moreau, Wanda Obertova, Adina Secretan. Il s’agit du troisième Labo 6X15' organisé par le Théâtre la Grange de Dorigny au cœur de son Foyer, après Le Glitch et Frankenstein. Soirée payante et sur réservation.