Parrainé par l’UNIL, le Prix de l’Ailleurs sera décerné dimanche 26 août 2018 lors du Numerik Games Festival à Yverdon. Il couronne de nouveaux auteurs dans le domaine de la science fiction.
En charge de l’organisation du Numerik Games Festival à Yverdon-les-Bains, la Maison d’Ailleurs s’apprête à décerner dans ce cadre les récompenses attachées au Prix de l’Ailleurs, un concours littéraire inédit exclusivement centré sur la science-fiction et parrainé notamment par l’UNIL. Assistant-doctorant à la Faculté des lettres, Colin Pahlisch en a lancé l’idée. La création d’une Association romande de science-fiction est venue concrétiser cette initiative couronnée par la parution d’un recueil de nouvelles chez Hélice Hélas Éditeurs. Le thème choisi pour cette première édition était celui de l’Humanité numérique.
Dans la préface qu’il signe, Marc Atallah (maître d’enseignement et de recherche à l’UNIL et directeur de la Maison d’Ailleurs) fait écho d’une manière poignante aux dix textes publiés, sélectionnés au terme d’un long processus. En outre, quatre des autrices et auteurs rassemblés dans ce livre recevront un prix. Ces lauréates et lauréats seront annoncés le 26 août 2018 dans le cadre du Numerik Games Festival lors d’une cérémonie festive et musicale où des extraits de leurs textes seront lus par la comédienne lausannoise Carine Barbey.
Un jury motivé
Coéditeur à Hélice Hélas et doctorant à l’UNIL, Alexandre Grandjean faisait partie du jury aux côtés de Jean-François Thomas, auteur de science-fiction et directeur de collection, de Gaspard Turin, maître assistant à la Section de français, spécialiste de littérature contemporaine, de François Rouiller, auteur de science-fiction et illustrateur ainsi que de la soussignée, journaliste et autrice. Ces cinq personnes ont lu une bonne centaine de nouvelles parvenues à la suite du lancement de ce concours littéraire suisse, ouvert en particulier aux étudiantes et aux étudiants des Hautes écoles romandes. Première surprise du jury : les femmes investissent en force un genre réputé plutôt masculin durant des années.
Les textes publiés – issus pour la plupart de jeunes auteurs suisses – témoignent de la curiosité, de l’imagination, de l’attirance comme de la méfiance envers un monde technologique et marchand ultra-contrôlé, connecté, dématérialisé, voire déshumanisé. Comme le rappelle Marc Atallah, « la science-fiction n’a jamais été affaire de prospective, n’en déplaise à certains préjugés tenaces » ; elle ne conduit pas ses lecteurs vers le futur mais « vers l’intimité d’un présent qui, trop souvent, reste impensé, alors même qu’il nous aliène en faisant de nous des consommateurs qui semblent se satisfaire de ces mots, malheureusement vides, tels que «liberté» ou «dignité», brandis avec fierté alors qu’ils sont si peu incarnés de nos jours.
Douce rébellion
Avec ce concours dont le prochain thème (autour de l’écologie) sera précisé et annoncé également le 26 août, la région romande se dote d’une fenêtre sur la création littéraire dans le domaine de la science-fiction, un genre narratif propre à la culture populaire qui ravit (dans tous les sens du terme) notre quotidien et qu’il est urgent (et passionnant) d’explorer avec les outils conjugués, historiques, esthétiques et muséographiques, de la Faculté des lettres de l’UNIL et de la Maison d’Ailleurs.
Rendez-vous le 26 août à Yverdon avec les lauréates et lauréats et en librairie afin de découvrir ces récits comme autant de miroirs socio-anthropologiques ironiques, pour conclure avec une formule de Marc Atallah. La science-fiction fait souffler un petit vent de douce rébellion sur notre époque porteuse de promesses technologiques dont nous avons à concrétiser le potentiel émancipateur si nous ne voulons pas en subir passivement les effets.
Et si l’humanité devenait numérique ? Hélice Hélas Editeur, 2018. numerik-games.ch