Alexandre Roulin présentait le projet « Chouettes pour la paix » lors de la sortie du corps diplomatique du mercredi 27 juin, sous l’égide du président de la Confédération Alain Berset et en présence du conseiller fédéral Ignazio Cassis ainsi que d’un parterre d’ambassadeurs.
La sortie du corps diplomatique, qui se tenait mercredi 27 juin en terres fribourgeoises, mettait à l’honneur une recherche de l’UNIL. En présence du président de la Confédération Alain Berset, du conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères et des ambassadeurs présents (150 invités), Alexandre Roulin, professeur au Département d’écologie et évolution, évoquait le projet pour la paix auquel il participe depuis 2009.
C’est que l’ornithologue, spécialiste de la chouette, contribue à faire discuter des peuples en conflit. En l’occurrence Israël, la Palestine et la Jordanie. « A la base, il ne s’agissait pourtant que d’un travail à visée purement scientifique. Mais il ouvre aujourd’hui des portes inattendues », confirme le chercheur. Pour rappel, de nombreux nichoirs à chouettes ont été installés dans la plaine du Jourdain depuis les années 1980, en réaction à l’emploi massif de rodenticide, du poison contre les rongeurs dont se nourrissent les chouettes, des rapaces à forte dispersion. Le serpent qui se mord la queue selon Alexandre Roulin, puisque la substance, accumulée dans l’organisme des oiseaux, les tue. « Pour que le projet fonctionne, il demande la collaboration des différents peuples concernés ».
Diplomatie scientifique
Au vu du succès que rencontrent les « Chouettes pour la paix », Alexandre Roulin ambitionne que la Suisse l’utilise comme plateforme diplomatique. Une volonté qui pourrait peut-être se concrétiser grâce à la présentation du 27 juin, « en totale adéquation avec les missions d’une université, qui se doit d’être au service de la société. »
Et la neutralité ? « On trouve effectivement des types de recherche qui ne le sont pas. Souvent ce qui touche au nucléaire et à l’armement par exemple. Mais la nature, elle, est neutre. Les chouettes le sont aussi. Elles ne font que réunir des communautés que tout sépare. De façon générale, le savoir est toujours neutre. » Un projet qui s’inscrit selon le professeur au Département d’écologie et évolution dans de la science pour la diplomatie, l’une des trois variantes de la diplomatie scientifique. « Il arrive, au niveau politique, que le jeu des alliances classiques ne fonctionne plus. Mais la science et les scientifiques n’attendent pas. Ils discutent, ils collaborent, et cela au niveau international », sans se soucier des affinités ou inimitiés gouvernementales.
Au programme de la sortie corps diplomatique, les invités du président de la Confédération auront donc eu droit à un bref exposé par le professeur lui-même, avant d’être répartis selon les ateliers consacrés respectivement à la chouette dans la ferme, une rencontre avec les scientifiques du Moyen-Orient qui prennent activement part au projet, une discussion avec le ministère des affaires étrangères sur le thème de la diplomatie scientifique, ou une présentation du travail de l’artiste Laurent Willenegger autour de la chouette.