Totalement novatrice, la première édition du cours "La Ville de demain" vient de se terminer. Quelque 60 étudiant·e·s de 3e année de Bachelor de la Faculté des HEC de l'UNIL ont imaginé leur ville idéale durant tout le semestre de printemps 2018, en se focalisant notamment sur le commerce de détail. Dans ce cadre, divers intervenant·e·s parmi les plus prestigieux et de tous horizons, ont été invités. Retour sur cette première édition avec Fabrice Leclerc, chargé de cours à HEC Lausanne, à l'initiative de ce cours.
Sous l'impulsion de la Ville de Lausanne et de ses commerçant·e·s, la Fondation pour le Commerce Lausannois s'adressait il y a quelques mois à Fabrice Leclerc pour répondre à la question "Comment les commerces de la ville peuvent-ils bénéficier des grandes mutations du monde, humaines et technologiques?". C'est ainsi que ce dernier a eu l'idée de soumettre la question directement aux étudiant·e·s, qui se sont attelés à imaginer la ville du futur durant 14 matinées (voir l'actualité à ce propos). L'expérience a été fortement appréciée par les participant·e·s du cours.
Interview de Fabrice Leclerc qui revient sur le format de ce cours inspirant, les principaux aspects qui en sont ressortis et donne quelques conseils aux chef·fe·s d'entreprises:
Nous sommes en période de profondes mutations et dans moins de 10 ans, les Nations Unies estiment que 60% des 9 milliards d'humains sur la planète vivront dans des villes. Jamais dans notre histoire réussir le design des villes n’aura donc été aussi important. Partout dans le monde, les villes engagent des sommes colossales pour essayer de transformer ces mutations en avantage pour leurs commerçants, leurs habitants et les acteurs locaux; Lausanne ne fait pas exception.
Grâce à l’esprit d’innovation et au soutien de Jean-Philippe Bonardi, Doyen de HEC Lausanne, nous avons réussi à créer ensemble et avec des intervenants de l’EPFL, une plateforme dont l'ambition est de devenir l’une des premières sources de savoir sur la ville du futur, et de la partager avec les acteurs de la ville de Lausanne et des villes de demain. Il s’agit d’un "grand écart” fascinant: contribuer à la prospérité locale de Lausanne tout en réunissant le savoir pour créer les meilleures villes de demain dans le monde. L’attrait pour ce cours a été immédiat: 10 commerçants sont venus partager leurs plus importants challenges quotidiens, 60 étudiant·e·s de HEC Lausanne les ont aidés à trouver des réponses concrètes et à partager en même temps leur vision de leur "ville de demain", 15 experts internationaux sont venus partager leur expérience dans des disciplines très variées et complémentaires. Ce cours, basé sur le “challenge based learning”, repose sur la collaboration entre les participant·e·s et le partage d’expérience qui conduit à l'émergence de solutions immédiates et futures.
Les étudiant·e·s et les experts sont en quête de sens et leurs observations tournent autour de trois thèmes principaux:
- La ville de demain est celle qui va les rendre heureux, la prospérité économique n’étant qu’une partie de la réalité. La recherche du bonheur revient en force et les recherches démontrent que c’est la qualité de nos échanges qui détermine en grande partie notre longévité, notre santé et notre bonheur.
- Ils s’appuient sur leurs réseaux d’amis physiques et digitaux pour créer leur monde. Ils ont redécouvert la force du partage qui est plus intéressante que de posséder et, pour eux, collaborer est plus fort que de se concurrencer. La ville de demain va faire beaucoup plus avec beaucoup moins, en recyclant et en réutilisant ses propres ressources, en diminuant drastiquement ses besoins de consommation en produits et en énergie.
- Enfin, le thème transversal et omniprésent, c’est la reconnexion à la vie, dont l’expression la plus évidente est la reconnexion à la nature : les murs, les toits sont capables de produire des aliments locaux et naturels et l’arbre redevient le protecteur des villes, le bouclier face au réchauffement climatique, tandis que les filtres de l’air et de l’eau sont des alliés pour la santé. La technologie n’est quant à elle qu’une matière que l’on peut façonner, comme toute autre matière.
Devenir des mentors, et non des chefs. Demander aux nouvelles générations de “hacker” leurs entreprises, d’utiliser la force économique pour résoudre des problèmes importants avec valeurs et courage – les Millenials sont la plus grande force économique que l’histoire de l’humanité ait connu et sont donc aussi leurs clients. Et je conseillerais surtout aux chefs d'entreprise de protéger leurs rêves, car les "hippies" sont de retour: avec leurs rêves, ils ont changé le monde et certains sont finalement devenus les personnes les plus influentes de la planète.