Formés en une année, des étudiants de la Faculté des lettres ont démontré leur talent en informatique. Aucun doute : les compétences qu’ils ont acquises leur seront rapidement utiles, que ce soit pour la recherche ou pour leur vie professionnelle.
Dans son bureau de l’Anthropole, Isaac Pante présente à l’écran quelques travaux de groupe réalisés par ses étudiants dans le cadre du cours à options «Programmation pour internet II». Le président de la Section des sciences du langage et de l'information en est plutôt fier. «Pour le moment, il est rare que l’on se lance dans des études de Lettres pour taper du code. Pourtant, les résultats sont là !»
La preuve avec Compromise, réalisé par Joël Rimaz, Saara Virtanen, Antoine Klotz et Sorcha Walsh. Ce «Doodle inversé» permet à un groupe d’amis de trouver des moments pour se voir. En fonction de ses occupations régulières, chacun remplit de son côté un petit calendrier générique. Par exemple, on peut indiquer que l’on est libre le jeudi soir, en général. Ensuite, le programme compare les disponibilités entre elles puis affiche le résultat en un instant. Les moments qui conviennent à tout le monde ou presque apparaissent clairement, grâce à un système de couleurs. Ainsi, en quelques secondes, on s’évite des centaines de messages Whatsapp qui ne débouchent en général sur rien...
Un autre groupe d’étudiants a conçu REST (Renato Diaz, Loïc Aubrays, Daniel Escoval et John Rose), pour «réseau d’entraide sociale pour tous». Il s’agit d’une version «sociale» d’Airbnb. Cet outil permet à des particuliers d’offrir des lits à des sans-abris. «Les deux partenaires sont la personne qui accueille et le travailleur social», explique Loris Rimaz, étudiant de bachelor en Lettres et tuteur des groupes de programmeurs en herbe. Conçu pour répondre à des cas d’urgence, il sert à trouver un lit pour le soir même.
Aspects sociaux et humains
Les aspects sociaux et humains constituent les points communs des travaux présentés par les étudiants, dont la plupart suivent le cursus de bachelor «Informatique pour les sciences humaines». Loris Rimaz souligne la motivation qui a régné au cours du semestre.
Sur le plan technique, le cours «Programmation pour internet II» s’appuie sur Meteor.js, un «cadre applicatif» qui permet la construction de logiciels, et sur le langage Javascript, en pleine évolution. Meteor sert aussi bien à réaliser les interfaces destinées aux utilisateurs qu’à faire tourner la machine en coulisses. «Il y a cinq ans, nous n’aurions jamais pu obtenir de tels résultats en un temps aussi bref, souligne Isaac Pante. Les évolutions de l’informatique et une pédagogie adaptée à nos publics ont rendu cela possible.»
Le code, c'est du texte
Le choc culturel que représente la programmation pour des étudiants en sciences humaines est amorti par la compréhension que «le code est avant tout un texte. Il possède sa grammaire, sa syntaxe, ses usages, ses pratiques et sa communauté», explique Isaac Pante. Avec un peu d'expérience, il peut même être ressenti comme poétique ! Au-delà des questions techniques, l’enseignant souhaite «casser les structures mentales trop clivantes. Nous devons sortir de l’idée que les mathématiques et l’informatique ne sont pas pour les ‘lettreux’. Par bien des aspects, les langages de programmation sont des langues comme les autres.»
Les compétences acquises à l’UNIL pourront servir aux étudiants qui se destinent à la recherche, notamment en humanités numériques, et bien entendu pour la vie professionnelle hors de l’université.
Le cours «Programmation pour internet» est donné en options un peu partout (y compris SSP et FGSE). Il est obligatoire au bachelor Informatique pour les sciences humaines (Lettres) ainsi qu'au master en Humanités numériques.