27 - 28 Juin Université de Lausanne Anthropole salle 5060
La forge des idées est souvent perçue comme un lieu inaccessible pour la plupart des historiens. Ils arguent, à bon droit, que les sources ne permettent pas d’entrer dans la tête des personnes agissant et donc de connaître leurs volontés. Or, les pratiques récentes d’historiens s’attachent de plus en plus à déceler les stratégies des acteurs sociaux par toute une série de biais. En les étudiant attentivement, on perçoit en creux leurs idées.
Dans cette perspective, nous avons choisi d’interroger la place de la famille comme niveau d’analyse. Excroissance de la méthode historico-critique, la recherche exégétique sur la Bible s’est appesantie sur l’histoire sociale en décrivant des groupes sociaux en interaction, au point de nommer des strates rédactionnelles selon le nom du groupe social qu’on pense ou qu’on pensait avoir identifié. Plus récemment, des sociologues des religions se sont (re-)saisis du concept de groupe social tel qu’il est appliqué à des milieux producteurs de textes bibliques pour le préciser voire nuancer la corrélation. Les sociologues des religions insistent sur des modèles sociaux à l’oeuvre qui donnent à voir des stratégies des acteurs sociaux, mais ils peinent à relier précisément la théorie avec l’écriture des textes parvenus jusqu’à nous et a fortiori, à analyser ces mêmes textes avec autant de détails que le font les exégètes. La difficulté de corrélation entre le groupe et le texte pourrait s’expliquer par le niveau d’analyse choisi : en l’occurrence, le groupe. Pour comprendre le fonctionnement de celui-ci, on peut se demander s’il n’est pas plus judicieux d’envisager le groupe comme une famille ou un réseau familial à l’image de ce qui se passe dans le monde grec et le monde romain.
Ainsi, les solidarités familiales pourraient être une grille de lecture pour comprendre les groupes en interne et à l’externe. Le colloque vise à enquêter sur cette idée délaissée dans les recherches passées et présentes afin de comprendre en quoi ces interactions sont un facteur de production d’idées et de textes.