Le Prof. Pascal Singy, socio-linguiste au Service de psychiatrie de liaison du CHUV, dirigera pendant 3 ans une étude sur « Les douleurs chroniques et leur traitement au sein des réseaux de communication des personnes âgées », pour laquelle il vient de recevoir plus d’un demi-million de subside du FNS.
En partenariat avec la Prof. Isabelle Décosterd du Centre d’antalgie, la Dre Eve Ruebli du Service de gériatrie et réadaptation gériatrique, et le Dr Orest Weber du Service de psychiatrie de liaison du CHUV, cette recherche s’inscrit dans le contexte de l’accroissement des personnes âgées dans les sociétés occidentales et de la forte prévalence des maladies et douleurs chroniques parmi cette population.
Les logiques sanitaires favorisent aujourd’hui le maintien à domicile des personnes âgées et leur participation active à la gestion de leurs problèmes de santé. En matière de douleurs chroniques, une telle politique implique des pratiques communicationnelles permettant aux aîné-e-s de parler de leurs douleurs et de leur traitement, et à leur entourage – médical et non médical – de leur fournir les soins nécessaires, les informations médicales et psycho-sociales requises, ainsi qu’un soutien relationnel.
Cette recherche innovante, articulant sciences humaines et sciences médicales, poursuit trois objectifs : (1) cerner la manière dont les personnes âgées communiquent sur leurs douleurs chroniques et leur traitement dans les interactions avec leur réseau personnel, en appréhendant en particulier les blocages communicationnels et leurs implications médicales et relationnelles ; (2) identifier les besoins communicationnels non satisfaits chez les aîné-e-s (par ex. non-disponibilité d’informations appropriées concernant la gestion des douleurs) ; (3) établir, avec l’aide de divers publics (santé publique, milieu médical et soignant, associations), des pistes d’intervention pour améliorer la communication autour de la thématique des douleurs chroniques dans l’entourage des aîné-e-s.
La portée sociale, pratique et scientifique du projet est à considérer en regard d’une certaine discrimination envers les personnes âgées (âgisme) et d’un manque important de valorisation de la clinique de l’âge avancé. L’étude a pour ambition d’apporter aux spécialistes des interactions cliniques des éléments novateurs et concrets pour améliorer les aspects communicationnels avec les personnes âgées et à accorder davantage de place aux enjeux spécifiques de cette population âgée. De plus, les résultats fonderont des actions de communication publique visant la modification des représentations sociales répandues tant dans le milieu médical que non-médical, et qui inhibent chez les personnes âgées l’expression des douleurs chroniques et, par là même, leur prise en charge adéquate (par ex. normalité supposée des douleurs à l’âge avancé, idée erronée que des douleurs chroniques justifient un placement forcé en institution).
Le Prof. Pascal Singy porte depuis plus de 20 ans son intérêt aux questions de communication en milieu médical, et aux possibles discriminations existantes, au travers du discours notamment, à l’égard de diverses populations vulnérables comme les patients concernés par le vih/sida, les personnes sourdes et malentendantes, les migrants ou encore les personnes homosexuelles.
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