Emmené par la Dre Angela Ciuffi, PD & MER1 à la FBM au sein de l'Institut de microbiologie du CHUV et de l'UNIL, un groupe de recherche est arrivé à identifier certaines caractéristiques des cellules dormantes infectées par le VIH. Les résultats de cette étude, réalisée en collaboration avec l’équipe du Prof. Niko Beerenwinkel de l’ETH Zurich et de l’Institut suisse de bioinformatique, ont été publiés dans le prestigieux journal «Cell Reports».
Le VIH est un virus qui persiste chez l’individu infecté, et ceci malgré l’excellente efficacité du traitement antiviral. En effet, la trithérapie stoppe la multiplication de virus et réduit le risque de transmission, mais ne parvient pas à éliminer le virus. Ceci se traduit par la réémergence du virus lorsque le traitement est interrompu et démontre l’existence d’un ou plusieurs réservoirs viraux dans lesquels le virus se cache en quelque sorte. Parmi ceux-ci, il existe un réservoir dit latent , qui est constitué de cellules infectées mais «dormantes» ou «silencieuses», et qui est donc caractérisé par l’absence de production de virus. Ce réservoir de cellules infectées latentes passe sous le radar de la surveillance du système immunitaire et n’est donc pas éliminé, ce qui représente un obstacle majeur à l’éradication du virus. Afin de mieux caractériser ce réservoir latent du VIH, le groupe de recherche de la Dre Sc. Angela Ciuffi de l’Institut de Microbiologie du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) et de l’Université de Lausanne (UNIL) a utilisé une approche visant à analyser l’expression des gènes de cellules individuelles par des techniques de séquençage à haut débit dans un modèle de cellules latentes. L’objectif est de pouvoir détecter quelles cellules latentes pourraient être réveillées, de manière à ce qu’elles puissent être reconnues et éliminées par le système immunitaire.
Les résultats de cette étude, réalisée en collaboration avec l’équipe du Prof. Niko Beerenwinkel de l’ETH Zurich et de l’Institut Suisse de Bioinformatique, et publiée dans le prestigieux journal Cell Reports, montrent que les cellules latentes infectées par le VIH sont hétérogènes et ne réagissent pas toutes de la même manière face aux stimulations extérieures et à la réactivation de l’expression du VIH. «Les données produites ont permis de mettre en avant les caractéristiques particulières des cellules latentes inductibles, notamment au niveau de l’identité des gènes exprimés, et suggèrent que les cellules elles-mêmes jouent un rôle indépendant du virus et contribuent à la latence du VIH», précise la Dre Ciuffi.
Interrogé sur le potentiel d’application de ces observations pour les personnes infectées par le VIH, le Dr Matthias Cavassini, PD & MERclin à la FBM, responsable de la consultation ambulatoire des maladies infectieuses du CHUV et collaborateur de l’étude répond: «Les résultats de cette étude représentent un pas de plus vers la compréhension des mécanismes responsables de la persistance des réservoirs latents du VIH. Toutefois, il reste encore du chemin à parcourir et des études à mener avant de pouvoir espérer traduire ces résultats en clinique».