Dès le 12 avril, tous les jeudis à 18 heures au Palais de Rumine, un cours public fera revivre la noblesse au Moyen Age. Avec notamment Bernard Andenmatten et Michele Tomasi.
Les deux organisateurs de ce cours public partagent une même passion pour le Moyen Age : Bernard Andenmatten (professeur en histoire) et Michele Tomasi (MER en histoire de l’art) ont réuni pour l’occasion des collègues du Centre d’Etudes Médiévales et Post-Médiévales (CEMEP) comme Jean-Claude Mühlethaler et Alain Corbellari (Faculté des lettres). Spécialiste des châteaux médiévaux en Pays de Vaud, Daniel de Raemy (Monuments d’art et d’histoire, Etat de Fribourg) donnera également une conférence dans ce cadre, ainsi que Brigitte Pradervand (Monuments d’art et d’histoire, Etat de Vaud).
Le cours public du CEMEP n’est pas une nouveauté ; il est associé à un programme de spécialisation qui encadre les étudiants souhaitant poursuivre un travail de recherche interdisciplinaire en études médiévales, auxquels il propose des ateliers où interviennent des spécialistes de l’UNIL et d’autres universités. Cette année, le thème de la noblesse a permis d’aborder des dimensions comme la famille, la guerre ou encore les modes de vie. Le cours public prolonge cette réflexion en l’axant plus spécifiquement sur la région romande.
La trace des morts
Bernard Andenmatten évoquera pour sa part la question de la mémoire de la parenté dans la noblesse vaudoise. Comment conçoit-on la famille et entretient-on le souvenir des ancêtres dans cette noblesse dont la mémoire orale n’est pas plus étendue que la nôtre ? La généalogie permet à ces familles de suivre les alliances et de conserver la trace des prénoms, une activité primordiale puisque « la noblesse se définit par la transmission de la qualité noble aux descendants », explique l’historien. Le souvenir ancestral révèle déjà un signe de noblesse en exaltant d’illustres antécédents.
En outre, ces familles conservent des traces écrites du passage des ans à travers leurs relations funéraires avec les monastères. « Ces derniers produisent et conservent des textes alors que la culture de la noblesse elle-même passe par d’autres vecteurs que l’écrit », précise le professeur. Ces archives portent la trace des messes financées pour les morts et des chapelles bâties par ces familles soucieuses de l’entretien des âmes.
Bernard Andenmatten donnera deux exemples régionaux à partir d’une source écrite et d’une sculpture : celui d’un moine de l’Abbaye de Montheron qui tente de faire la généalogie d’une noble famille de Colombier, et celui d’un gisant dans la chapelle du Château de la Sarraz donnant une idée bien macabre du phénomène de décomposition, mais aussi de la vie transmise puisque la sculpture intègre quatre personnages debout et figurant selon l’historien la descendance du défunt.
Les plaisirs des vivants
Michele Tomasi va nous plonger dans le luxe, l’ostentation et la volupté à la cour de Savoie à la fin du XIVe et au début du XVe siècle. A travers l’achat, l’accumulation et le renouvellement d’objets inaccessibles pour le commun, la noblesse confirme sa place de choix au sein de la société. Ces produits coûteux et parfois de provenance exotique sont répertoriés dans des inventaires souvent détaillés et minutieux et apparaissent dans les livres de compte des princes de Savoie. Les objets eux-mêmes ont bien souvent disparu (perdus, volés, donnés, changés, détruits par mégarde ou volontairement pour en faire autre chose à partir de leur métal précieux), mais leur trace écrite fait le bonheur des historiens et historiens de l’art. Un autre moyen permet d’évoquer les richesses de ce temps ; tapisseries, vaisselles, bijoux, vêtements sont en effet conservés en images préservées dans les pages fermées de manuscrits joliment illustrés. Michele Tomasi se réjouit de pouvoir ainsi « remettre de la chair sur des sources parfois bien arides » témoignant des achats somptuaires de cette cour de Savoie, qui se pourvoyait en objets de luxe jusqu’à Paris
Détecter le poison
A l’époque déjà, il fallait se débarrasser de telle tapisserie d’hier pour exhiber le goût du jour, souligne-t-il. Il s’agissait parfois d’un très visible changement de couleur, le vert porté à l’époque d’Amédée VI se transformant en rouge à celle de son fils, Amédée VII. Porter la livrée signifiait s’habiller avec ce que le prince livrait gracieusement à ses proches, une manière de les tenir… assez proches.
On aurait envie de continuer ainsi avec les deux spécialistes, d’évoquer encore le languier, cet objet précieux sous forme d’arbrisseau déposé sur la table devant le prince pour détecter l’éventuel poison dans les boissons et la nourriture… mais on vous laisse poursuivre directement avec eux dans le cadre de ce nouveau cours public.
Du jeudi 12 avril au jeudi 24 mai de 18 à 19 heures (sauf Ascension), entrée libre.