Comme dit la chanson de Vincent Delerm, «Fanny Ardant et moi», la venue de l’actrice à l’UNIL, interviewée par Alain Boillat, a marqué les Rencontres du 7e art Lausanne
Le réalisateur Barry Levinson était un acteur avant de passer derrière la caméra, la star «bad boy» Christopher Walken un danseur avant d’arriver presque par hasard au cinéma et Fanny Ardant devenue réalisatrice reste avant tout une comédienne qui envie ses propres acteurs, comme elle l’a dit lors de son passage remarqué à l’auditoire 1031 de l’Anthropole. Le professeur Alain Boillat en était tout ému, lui qui interviewait en même temps la cinéaste suisse Ursula Meier, au sujet de son film avec Fanny Ardant «Journal de ma tête» (sur RTS Un le 4 avril 2018 à 20h10, scénario d’Antoine Jaccoud).
Si vous avez manqué les (trop nombreuses ?) projections et conversations de ces premières Rencontres du 7e art Lausanne (r7al), il y aura matière à rattrapage l’an prochain puisque le maître de cérémonie Vincent Perez annonçait déjà durant la soirée de clôture mercredi 28 mars – avec tentative d’accent vaudois dans la grande salle du Capitole – une deuxième édition en 2019. Ce grand moment public vécu dans la joie a permis aux organisateurs de remettre une sculpture d'Yves Dana au comédien Christopher Walken, 75 ans, grand témoin du Hollywood cinéphilique célébré par les r7al. Venue lui décerner ce prix, la comédienne Valeria Bruni Tedeschi s’est prise à rêver de le faire tourner un jour devant sa caméra. Lors de la projection envoûtante de «The Deer Hunter» dimanche 25 mars au Capitole, l’acteur avait été salué par une standing ovation.
Autre grand événement à l’UNIL, la venue de Barry Levinson pour une discussion animée en anglais par Charles-Antoine Courcoux. Le réalisateur de «Rain Man» (1988) a raconté ces années 1970-1980 à Hollywood comme une période magique où les producteurs se laissaient embarquer par « une bonne histoire » en accordant une totale confiance aux réalisateurs. L’un des producteurs, venu sur le plateau un jour que l’équipe tournait à Las Vegas, a ainsi demandé au cinéaste, en voyant Tom Cruise et Dustin Hoffman : « Lequel des deux a un problème mental ? » C’est dire s’il était bien renseigné au sujet du film…
Un film pionnier sur l’autisme
A l’époque aussi, l’autisme n’était pas une pathologie bien identifiée. Barry Levinson est arrivé sur ce film un peu par hasard – sa femme lui disant qu’il devait le faire – et il l’a fait, donnant à Dustin Hoffman les bonnes indications car, lui, le cinéaste, était en contact avec les spécialistes de la maladie à l’époque. Curieusement, Levinson ne voulait pas d’une musique avec guitares « comme dans tous les road movie » et avait demandé plutôt des percussions, ce qui lui offrit le musicien Hans Zimmer, alors peu connu. Après coup Levinson apprit que les autistes n’appréciaient en général pas du tout les cordes…
Difficile de clore la discussion avec Barry Levinson sans évoquer « Harcèlement » (1994), ce film où Demi Moore en patronne fait des avances cavalières à son employé, joué par Michael Douglas… A l’heure actuelle, on pouvait se demander si le cinéaste n’avait pas été critiqué pour ce renversement étrange mais non, personne ne lui a rien dit à ce sujet, nous a-t-il assuré.
Un rêve réalisé
Les rencontres passionnantes se sont ainsi alignées que ce soit à l’UNIL, à l’ECAL, à l’EPFL, à l’EJMA et en d’autres lieux à Lausanne. Il faut noter en particulier l’engagement de la Cinémathèque Suisse, partenaire privilégié des r7al… et de l’UNIL. Le comité organisationnel se dit satisfait de cette première rencontre et se projette déjà dans la seconde édition. Un grand rêve du Lausannois Vincent Perez s’est donc réalisé en partie à l’UNIL (interview de l’acteur dans L’Uniscope 631).