Candidate en 2018 au concours "MT180"
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire à MT 180 ?
A part l’opportunité unique de rendre mon travail visible à la communauté scientifique et au-delà, trois raisons plus personnelles m’ont amené à m’inscrire cette année. En premier lieu, parler en public a toujours été pour moi un défi. Alors quoi de mieux qu’un concours comme MT 180 pour prendre de l’assurance et développer sa confiance en soi. En deuxième lieu, occupée que je suis à la rédaction finale de ma thèse, MT 180 me permet de prendre une distance nécessaire et de ne pas perdre des yeux les enjeux de ma thèse. Finalement, ma thèse en anthropologie s’intéresse au vécu des gens. Ce concours me permet de donner de la voix à leurs expériences et faire ainsi honneur à la confiance qu’ils m’ont accordés sur le terrain.
Pouvez-vous nous décrire le sujet de votre thèse en 180 mots maximum ?
Ma thèse étudie les migrations africaines à partir d’une étude de cas particulière : la scène rap au Sénégal. Les artistes africains, comme tout artiste au sein de l’industrie musicale mondiale, envisagent la mobilité pour faire évoluer leurs carrières artistiques. D’autre part, le rap est une musique qui a permis l’affirmation des jeunesses africaines, notamment au Sénégal, où des rappeurs ont joué un rôle important au cours de l’histoire démocratique du pays. Comment ces rappeurs concilient-ils alors ce fort ancrage local avec le besoin de mobilité ? Cette question, qui peut paraître spécifique, a une portée bien plus générale. A travers le cas du rap sénégalais, il s’agit en effet de montrer comment les jeunesses africaines, fréquemment perçues sous l’angle de la migration clandestine, sont parties prenantes de phénomènes globaux. La musique rap au Sénégal, en mettant en mouvement des acteurs mais aussi des imaginaires et des identités, renseigne sur la façon dont une jeunesse sénégalaise se trouve dans la situation de devoir concilier différentes appartenances qui sont mises en tension : identité musulmane africaine et appartenance au monde.
Le 22 mars prochain, vous aurez une seule slide et trois minutes pour convaincre. Comment vivez-vous les séances de préparation ?
Les séances de préparation m’ont préparée à devoir faire le deuil de plein d’une certaine complexité pour me concentrer sur l’essentiel : le message que ma thèse cherche à convier. Une thèse en anthropologie est un engagement pour une autre perspective. Il s’agit donc de convaincre non sur les applications futures de la recherche mais sur la façon dont ma thèse, en éclairant un microphénomène qui a lieu à des dizaines de kilomètres de la Suisse, permet de mieux comprendre les enjeux actuels qui nous concernent tous. C’est un défi qui, je l’espère, permettra de mettre en valeur l’importance de la recherche en sciences sociales.