Née au sein de la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne, RiskTalk se lance maintenant hors des murs de l'Université, après avoir démontré son potentiel commercial dans le cadre d’un projet de recherche initié il y a près d’un an par la Prof. Anette Mikes. La start-up qui bénéficie du soutien du fond InnoTREK a su rapidement développer une clientèle comprenant des entreprises diverses et s’assurer de l’appui de Venture Kick quant à son financement. Récit autour de la success-story d'un projet qui allie les aspects scientifique et pratique.
RiskTalk est l’exemple le plus récent d'un projet entrepreneurial concrétisant des recherches scientifiques menées au sein de la faculté tout en étant également l'aboutissement d'une collaboration étroite entre des entreprises basées en suisse et des chercheur·euse·s. Il a été mené sous la houlette de la Prof. Anette Mikes ainsi que de Charles Newman, chargé de projet à la faculté.
RiskTalk: genèse d'un projet entrepreneurial
Dès ses débuts, RiskTalk a bénéficié de plusieurs atouts précieux tels que le soutien du Département de comptabilité et contrôle de la faculté, le réseau professionnel étendu de la Prof. Anette Mikes dans le monde de la gestion du risque ainsi que le support financier du fond InnoTREK (Université de Lausanne).
Entre 2014 et 2016, la Prof. Anette Mikes avait déjà collaboré avec l'entreprise Swissgrid (active dans le transport et réseau énergétique suisse) dans le cadre d'un projet sur la culture du risque ayant permis de faire émerger l’idée que la communication bottom-up (approche ascendante) était essentielle pour comprendre, superviser et influencer la culture des organisations dans le domaine de la gestion des risques. Une étroite collaboration avec Kurt Meyer, Chief Risk Officer de Swissgrid, a permis de réaliser le design d’un outil ainsi que des processus connexes visant à encourager les employé·e·s à s’exprimer et à faire remonter des potentiels d’amélioration en lien avec les valeurs et les priorités de l’organisation.
Les investigations menées par la Prof. Anette Mikes ont débouché sur un projet de recherche ayant permis à l’équipe de HEC Lausanne de développer une application de reporting nommée RiskTalk, prenant la forme d’un système de monitoring et de contrôle.
De son côté, InnoTREK a pu fournir un soutien financier d'une année à RiskTalk qui a permis ainsi à la Prof. Anette Mikes d’engager un programmeur expérimenté, Charles Newman, afin de créer le prototype de l’application précédemment conceptualisée.
RiskTalk: une meilleure communication dans les organisations axées sur la sécurité
RiskTalk se fonde sur les recherches menées par la prof. Anette Mikes sur les origines des catastrophes causées par l’homme ainsi que sur l’incubation des risques dans les organisations. Il s’agit d’un outil de communication du XXIe siècle qui a été développé pour combattre l’incubation des risques en offrant la possibilité aux employés de signaler des potentiels d’amélioration en lien avec leur activité au quotidien. Étant donné que les communications top-down (approche descendante) ont tendance à restreindre ou à biaiser les employés désireux de s’exprimer, l’essence même de RiskTalk est d’inverser cette tendance en favorisant l’implémentation d’une communication bottom-up (approche ascendante) se distinguant par la possibilité offerte aux employés de s’exprimer avec leurs propres mots. Aussi longtemps que ce canal est protégé des interférences provenant des strates hiérarchiques supérieures, une communication sincère peut être assurée.
RiskTalk : comment cela fonctionne-t-il ?
RiskTalk est un outil qui responsabilise les employé·e·s en leur permettant de s’exprimer sur les problématiques qui affectent les principales priorités de l’organisation et permet aux managers de prendre des mesures de remédiation et de superviser la résolution de la problématique répertoriée en temps réel.
L’outil prend la forme d’une application intuitive qui peut être utilisée depuis un téléphone mobile ou une tablette. Elle permet à son utilisateur·trice de signaler de manière proactive un potentiel d’amélioration en temps réel ainsi que d’ajouter des informations additionnelles telles qu’une photo ou une localisation. Afin de protéger la sécurité psychologique des employé·e·s, les rapports produits par RiskTalk peuvent être transmis au sein de l’organisation de manière anonyme. Au niveau du back-office, ces rapports sont attribués à des employé·e·s chargés de les suivre jusqu’à ce que la problématique sous-jacente soit résolue. L’application offre également la possibilité d’envoyer une notification à l’ensemble des individus concernés, y compris l’utilisateur·trice à l’origine du rapport, dès que la problématique a été résolue afin de maintenir la dynamique ainsi que la motivation des personnes impliquées.
L'heure des crash-tests pour RiskTalk
Première à avoir utilisé l'application, Swissgrid a pu bénéficier de pas moins de 300 rapports en lien avec des potentiels d’amélioration en 2017. La plupart d’entre eux ont pu être implémentés au cours de la même année. L’application a reçu d’excellents retours de la part des managers ainsi que, de manière plus générale, de l’ensemble des employé·e·s qui ont considéré RiskTalk comme « un outil fiable qui garantit que les choses soient faites ». À l’heure actuelle, l’outil de reporting est également déployé au sein des fournisseurs ainsi que des partenaires de Swissgrid.
RiskTalk a également été utilisé, en janvier 2018, dans le cadre du SIHH (Salon International de la Haute Horlogerie de Genève) comme support à la sécurité des infrastructures. L’utilisation de l’application a permis de répertorier près de 150 problématiques qui ont pu être résolues rapidement.
Des projets tels que RiskTalk mettent en exergue la capacité de la recherche en management à être pertinente au-delà de la sphère académique. De manière plus large, les chercheur·euse·s se doivent de contribuer à l’activité économique et, ce faisant, bénéficier d’une meilleure compréhension des organisations.