Apprendre tout au long de la vie : enjeux et défis
Auteurs : Roland J. Campiche; Yves Dunant; Roger Darioli; Benoît Gaillard; Farinaz Fassa Recrosio; Jacques Lanarès; Pierre Lässer; Gabriel Noble; Martine Ruchat
Edition : Antipodes
L’histoire de Magdalena R. ouvre ce livre ; elle permet de saisir d’emblée les problèmes auxquelles Madame ou Monsieur tout le monde se heurte au moment de la retraite. Que faire de tout ce temps libre brusquement à portée de main ? Comment vieillir, sans dépérir ? On prétend qu’on vit sa retraite comme on a vécu sa vie professionnelle. Peut-être, mais pas nécessairement ! Magdalena cherche à donner un sens à cette nouvelle tranche de vie. Elle voyage un peu, découvre qu’elle n’est pas « finie », mais capable d’apprendre de nouvelles choses, de forger un projet, de le réaliser. A chaque pas qu’elle fait, l’acquisition de nouveaux savoirs, la découverte qu’elle peut faire valoir son expérience, nouer de nouvelles relations, trouver une nouvelle confiance en elle-même la poussent en avant.
Les différentes facettes de l’expérience de Magdalena sont ensuite reprises et approfondies point après point, au fil des chapitres. Dans une société rendue incertaine par la multitude des informations et leur non fiabilité, comment rester serein et capable de se forger une distance critique par rapport au bombardement de nouvelles parfois fausses, parfois exactes, parfois honnêtes car l’objectivité n’existe pas, parfois tendancieuses… ? Surtout peut-on emmagasiner de nouvelles connaissances alors qu’on a l’impression que la mémoire chancelle ? Mais quelle mémoire ?
Faire travailler son cerveau alimente le capital cognitif de chaque personne. Ce n’est pas une assurance tout risque pour éviter les maladies neurodégénératives type Alzheimer, mais un atout confirmé par la recherche. La formation/éducation, on le sait aujourd’hui, est le facteur qui contribue pour 50% à la bonne santé, quel que soit l’âge de la personne concernée. Mais quelle formation ?
Elle peut prendre des formes diverses. Suivre des voies classiques : écouter des conférences, participer à des séminaires, aller sur le terrain pour visionner ce qui change. Mais également entrer dans un échange de savoirs avec la jeune génération en racontant sa vie et en accueillant l’expérience et les questions des plus jeunes. En faisant immédiatement fructifier ce qu’on a appris par des engagements au service de la collectivité. Une manière de se faire reconnaître comme adulte et de rester intégré.
Faire du sport, s’alimenter sainement c’est bien. Mais en négligeant la formation, on ampute l’individu de la capacité de comprendre ses choix et de fixer des priorités.
La Suisse balbutie encore l’intention proclamée que la formation dure toute la vie. La formation continue professionnelle n’épuise pas toutes les ressources contenues dans le verbe se former. D’autant plus qu’elle n’est pas accessible à tout le monde et souvent monopolisée par le souci de la production, comme le montre l’avant-dernier chapitre de ce livre. La formation doit aider à vivre et pour cela retrouver sa dimension universelle. Comme le découvre Magdalena R. en lisant Ramuz, elle donne des intuitions pour structurer son existence tout à son long. Vous le découvrirez dans le chapitre qui clôt cet ouvrage.