"Présent, contemporain, actualité: questionner les 'présents' d'une littérature du présent/Gegenwart, Zeitgenossenschaft, Aktualität: Fragen an die 'Gegenwarten' einer Literatur der Gegenwart"
Présent, contemporain, actualité : questionner les « présents » d’une littérature du présent
Fribourg, 19–21.04.2018
Ces dix dernières années, le présent, le contemporain et l’actualité sont devenus des objets de pensée essentiels pour la théorie de l’art et de la littérature (cf. Giorgio Agamben 2008, Peter Osborne 2013, Lionel Ruffel 2016). Par ailleurs, on constate la mise en place, dans le paysage universitaire, de programmes de recherche et d’enseignements consacrés spécifiquement à une littérature du présent – ce qui exige d’en circonscrire les paramètres historiques, théoriques et méthodologiques, tout comme d’interroger les significations successives et concurrentes du terme « présent » dans l’Histoire et dans différents contextes culturels. Ces questionnements s’accompagnent en toute logique d’un discours sur les liens établis, au fil du temps et au sein des disciplines concernées, entre le « présent », la « littérature » et le « contemporain ». Ces débats – dont l’actualité devra aussi être examinée – serviront de toile de fond à notre journée d’étude pour se saisir d’une série de questions dans une perspective comparatiste, à la fois transséculaire, multiculturelle et interdisciplinaire :
Quel est le présent d’une littérature du présent ?
En quoi constituent le présent et la contemporanéité de ce qu’on nomme « littérature du présent », « littérature contemporaine » ou même « littérature de l’extrême-contemporain » ? Si ces notions ne désignent pas que les limites temporelles d’un moment défini, d’un « ici et maintenant » ou d’une époque – comme l’orientation des débats les plus récents le laisse entendre – quelles alternatives théoriques peut-on envisager et quelles conséquences en tirer ? Peuvent-elles être appréhendées d’un point de vue spatial (là où le temps partagé deviendrait « espace temps » commun) ? Esthétique ? Comme façon spécifique de lire certains enjeux du monde ? Comment peut-on par exemple juger qu’un texte littéraire d’un siècle passé nous reste présent, qu’il parait contemporain ou actuel ? La littérature du présent doit-elle nous fournir des éléments pour réfléchir et analyser notre temps ? Doit-elle au contraire nous rendre étrangers à nous mêmes, nous défamiliariser, pour nous obliger à jeter un oeil neuf sur ce qui nous entoure ? Plus globalement, le « présent », la « contemporanéité », et l’actualité recouvrent-ils les mêmes réalités ou bien plutôt des relations et positions différentes ? Comment lire et comprendre ces catégories par rapport à celles de la modernité et de la postmodernité ? Que pouvons-nous penser avec elles que nous ne verrions peut-être même pas sans elles ?
Où et comment s’identifie et se construit le présent d’une littérature du présent ?
Existe-t-il des formes littéraires, des médias ou des genres dont il serait possible de dire qu’ils ont un lien privilégié avec le contemporain, parce qu’ils seraient « nouveaux », de facture avantgardiste ou expérimentale ? Peut-on définir des critères pour une « littérature du présent », critères immanents, esthétiques, de réception ou de production ? La littérature contemporaine conduit-elle toujours à repenser, à réévaluer nos conceptions du littéraire (Sandro Zanetti 2010, 2011) ? De quelle manière les textes littéraires tissent-ils des liens référentiels avec le présent et comment génèrent-ils une poétique et une esthétique de ce même présent ? Où et comment la littérature contemporaine est-elle produite, transmise, pensée (dans le domaine culturel et académique, dans les différentes philologies), quelles proximités avec les disciplines et milieux voisins, comme par exemple la manière dont l’art contemporain est produit, transmis et pensé en histoire de l’art, dans la critique artistique, dans les musées, les galeries et sur le marché international de l’art ?
Quelle histoire pour le présent d’une littérature du présent ?
Quelles sont les significations concurrentes du terme « présent » lorsqu’on évoque une littérature du présent – concurrences historiques, culturelles et linguistiques ? Comment le fait littéraire a-t-il rendu compte et décrit-il le présent dans d’autres siècles ? L’histoire du terme « contemporain » est-elle parallèle ou divergente d’une histoire du « présent », et où peut-on identifier ces divergences ? Comment le contemporain de la littérature et des arts a-t-il été pensé par le passé ? Comment est-il négocié théoriquement et méthodologiquement dans les sciences historiques ?
Pourquoi le contemporain, pourquoi la littérature du présent aujourd’hui ?
Peut-on parler d’un « phénomène d’actualité » pour la recherche orientée vers une littérature du présent et vers les théories du contemporain ? Quels seraient les raisons, les enjeux et les perspectives liés à cette actualité ? Quels seraient les critères d’aujourd’hui pour une littérature ou un art du présent : la prise en compte des diversités culturelles d’un monde globalisé ? De nouvelles façons de faire communauté ? Une critique éclairée des canons et du patrimoine constitués ? L’actualité de ces questions autour du contemporain permet-elle d’identifier un moment politique particulier ?
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Les doctorant.e.s du programme de littérature générale et comparée (swissuniversities) ainsi que les jeunes chercheurs.euses des disciplines voisines sont invité.e.s à traiter et à discuter de ces questions à partir d’exemples littéraires, artistiques, théoriques et scientifiques en provenance de différentes époques dans des interventions de 20 à 30 minutes. Les approches comparatistes, qu’elles prennent en compte différentes littératures ou d’autres gestes artistiques, sont particulièrement bienvenues.
Délai et modalités de soumission: les propositions (env. 300 mots), accompagnées de brèves indications bio-bibliographiques sont à remettre d’ici au 15 janvier 2018 à rahel.villinger@uzh.ch, sophie.jaussi@unifr.ch ou emily.eder@unifr.ch.
La journée d’étude est prévue du 19 au 21 avril 2018, à Fribourg. Les langues de présentation et de discussion sont le français, l’allemand et l’anglais. Possibilité de publications des articles après procédure de peer-review dans la revue Colloquium Helveticum.