En marge de la Consultation de Médecine de Montagne du CHUV, unique en son genre en Suisse, des collègues du Département de médecine du CHUV, de la PMU et de l’UNIL ont collaboré pour une étude visant un meilleur diagnostic du mal aigu des montagnes («Acute Mountain Sickness» en anglais, AMS). Les résultats de cette recherche viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue scientifique JAMA et sa série «The Rational Clinical Examination» répondant aux questions cliniques «Does my patient have … ?»
L’AMS est une affection fréquente, touchant environ 25% des personnes qui montent au-delà de 3'500 mètres et plus de 50% des individus allant jusqu’à 6'000 mètres. Cette pathologie peut devenir très inconfortable selon l'intensité des symptômes (céphalées, inappétence voire nausées et vomissements, vertiges, asthénie et incapacité fonctionnelle), mais elle régresse sans autre conséquence dans la majorité des cas. Cependant, pour environ 3% des personnes atteintes, l’AMS peut évoluer vers une forme bien plus sévère qui peut engager le pronostic vital: l’œdème cérébral lié à l’altitude (High-Altitude Cerebral Edema en anglais, HACE).
La pose du bon diagnostic d’AMS est donc primordiale, mais il n’existe à ce jour aucun test fiable, ni d’examens paracliniques permettant le diagnostic de cette affection. Le diagnostic se fonde donc sur l’appréciation clinique et différents scores développés par plusieurs équipes de recherche au cours des 50 dernières années: l’échelle visuelle analogique [VAS(O)], l’Acute Mountain Sickness-Cerebral Score, le Clinical Functional Score et le Lake Louise Questionnaire Score, qui est le plus souvent utilisé et considéré comme l’outil standard pour le diagnostic de l’AMS, toutefois décrié par certains groupes.
Dans un travail de longue haleine, les Docteurs David Meier et Claudio Sartori (Service de médecine interne), Tinh-Hai Collet (Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme), le Professeur Bengt Kayser (Science des Sports, UNIL), la Dr Isabella Locatelli et le Professeur Jacques Cornuz (PMU), ainsi que le Professeur David Simel (Duke University, USA), ont évalué les performances de ces multiples échelles pour le diagnostic de l’AMS. Toutefois cette méta-analyse a été rendue difficile par la faible quantité de littérature scientifique dans le domaine. En effet, malgré sa haute prévalence, l’AMS a souvent été étudié dans de petits collectifs, peu homogènes et en l’absence d’une réelle définition standard de la maladie, une combinaison rarement favorable en épidémiologie.
De façon surprenante, alors que ces scores approchent l’AMS, soit sous l’angle de la symptomatologie, soit sous l’angle des répercussions fonctionnelles en altitude, l’analyse lausannoise montre que les scores montrent des performances similaires pour une population donnée, y compris le Lake Louise Questionnaire Score. L’une des hypothèses avancées par les auteurs est que ces différents outils n’identifient pas les mêmes individus atteints d’AMS.
Cet article oriente sur la direction future à prendre, en particulier la nécessité d’une meilleure définition de l’AMS, tant pour les cliniciens que les chercheurs dans le domaine de la médecine de montagne.